Passer de l’assistanat, ou de ce qui pourrait être assimilé à de la charité, à une gestion rationnelle et plus respectueuse de la dignité humaine dans l’action sociale: tel est le défi que s'est lancé la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar. Et cela lui a pris presque une année, avec en prime une tournée régionale destinée à cerner les attentes des uns et des autres, pour élaborer une stratégie en bonne et due forme. Une nouvelle stratégie qui s'inscrit, pour ainsi dire, en rupture avec le passé, indique la ministre dans une interview accordée à l’hebdomadaire La Vie éco pour son édition du vendredi 21 octobre.
En gros, explique la ministre, son département a pu identifier trois grands axes pour cette nouvelle stratégie, qui veut réhabiliter le pôle social et l'ériger en écosystème. Au centre de cet écosystème, se trouve la famille. Le ministère vient donc de mettre en place un instrument novateur, Gissr. «Green, innovative, smart, social regeneration» est, en effet, le pivot de cette stratégie qui consiste à jeter des ponts vers ces catégories sociales quasiment laissées pour compte, afin d'assurer leur réintégration sociale.
Il s’agit d’une nouvelle génération de centres sociaux, dont un établissement pilote va prochainement être lancé à Rabat. Gissr Al Ousra: tel est le nom de ce centre pilote qui offrira des services pour la parentalité positive, la médiation familiale, la sensibilisation aux droits des femmes et au lien intergénérationnel, l’accompagnement prénuptial et l'accompagnement social des enfants. «Tout cela en nous appuyant sur la digitalisation pour faciliter l’accès à ces services de sensibilisation et de formation», souligne la ministre.
«L’idée est de développer un centre dans chaque province et, par la suite, dans chaque quartier, car nous voulons créer une dynamique territoriale portée par les familles», ajoute la ministre citée par l’hebdomadaire. En attendant, en matière de centre sociaux, le ministère compte bien capitaliser sur l’existant. Il dispose, en effet, d’une infrastructure importante dans toutes les régions, infrastructure qui n'a cependant pas été bien exploitée durant ces dix dernières années. La ministre elle-même s’est dite surprise de découvrir que son ministère disposait de pas moins de 4.200 centres, notamment des établissements de protection sociale pour les enfants en situation de handicap ou d’abandon scolaire, des centres pour les femmes en situation précaire et victimes de violences, ou encore des centres d’accueil de jour et d’hébergement pour les personnes âgées et des centres pour les enfants abandonnés.
Aujourd’hui, il faut mettre de l’ordre dans tout cela. «En 2022, ce sont 250 centres qui ont été réhabilités et, chaque année, nous réhabiliterons 1.000 centres jusqu’en 2026», déclare la ministre. Et d'ajouter qu'en plus de réhabiliter ces centres, son département a entrepris de former des éducateurs pour accompagner sa stratégie. Ces derniers vont à leur tour contribuer à la formation des personnes ciblées pour leur permettre une réintégration sociale. D’après la ministre, plus de 100.000 personnes sont formées dans les centres de l’Entraide nationale pour plusieurs métiers tels que la cuisine, la couture ou la menuiserie.