Des rapports secrets révèlent l’existence d’un plan pour relocaliser l’organisation terroriste dans le nord de l’Afrique. Un plan qui coïncide avec l’intervention de la Turquie en Libye et avec la préparation de la création du «Grand Daech» sur les ruines de ce qui reste de la nébuleuse en Irak et en Syrie. Des informations émanant de la Libye indiquent que des milliers de jihadistes radicaux en provenance du Golfe, ainsi que des prisonniers islamistes en fuite, ont commencé à se déployer dans cette zone, l’objectif final étant de s’étendre dans les régions situées au sud du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye et au nord de la Mauritanie et du Soudan.
Les initiateurs de ce projet cherchent à faire fusionner les factions en provenance de Turquie avec les Daechiens du Nigeria (Boko Haram), les milices du Mali et les mercenaires du Soudan, pour constituer une organisation composée de centaines de milliers de combattants. Les mêmes sources soulignent que la Turquie a envoyé des groupes terroristes en Egypte pour contrôler, notamment, les puits de pétrole du grand Sahara, qui s’étend de l’Algérie aux frontières égypto-soudanaises. Une visée qui semble à portée de main pour la Turquie, qui table sur la faiblesse de certains pays incapables, selon elle, de maîtriser leurs frontières, à l’instar du Mali et du Niger.
Dans son édition du mardi 31 décembre, le quotidien Assabah rapporte que, depuis quelques temps, les services de renseignement turcs balisent le terrain pour sécuriser le transport de milliers de mercenaires vers la Libye. Ces opérations sont effectuées avec la complicité des services de renseignement de pays qui cherchent à se débarrasser de leurs compatriotes daechiens incarcérés dans les centres de détention au nord de l’Irak, de la Syrie et de la Jordanie. Le plan de résurgence de l’EI prévoit, en premier lieu, de frapper le tourisme dans les pays visés, avant de s’attaquer aux investissements et à la sécurité nationale des pays situés dans la bande du Sahara qui s’étend de l’Egypte au Maroc. Les instigateurs de ce plan cherchent à démanteler les frontières, sous prétexte qu’elles sont une invention du colon occidental. Or, la vérité est tout autre: en réalité, ce projet laisse toutes les portes ouvertes à l’intervention militaire des pays occidentaux sous couvert de lutte contre le terrorisme.
Dans une déclaration accordée à notre confrère Assabah, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelhadi Al Houij, souligne que la crise dans son pays n’est pas politique mais bel et bien sécuritaire. Et pour cause. La situation actuelle en Libye est caractérisée par la prolifération des armes et la tyrannie des hors-la-loi et des Daechiens, a-t-il ajouté. Le ministre a d’ailleurs adressé un appel au roi Mohammed VI pour lui demander de parrainer un «accord de Skhirat II» dès que la capitale libyenne sera libérée et débarrassée des milices armées. L’Etat libyen a besoin d’un dialogue national et d’une réconciliation globale semblable à l’expérience de l’Instance équité et réconciliation du Maroc qui a définitivement tourné la page des années de plomb, conclut le ministre libyen des Affaires étrangères.