Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, a lancé, hier dimanche, un faux pétard «diplomatique». Dans un communiqué, il a annoncé, à grand roulement de tambour, la visite à Alger de son homologue mauritanien. Une annonce qui intervient un an après le coup de balai donné par Nouakchott au diplomate algérien accrédité auprès des autorités mauritaniennes, Belkacem Cherouati, accusé alors de vouloir nuire aux relations maroco-mauritaniennes, en faisant circuler, via un site mauritanien, une fausse allégation selon laquelle Nouakchott projetait de déposer une plainte auprès de l’ONU sous prétexte que le Maroc voulait noyer son voisin du sud sous des tonnes de stupéfiants!
Un an plus tard, revoilà monsieur Lamamra tenter de réanimer l’axe Alger-Nouakchott dans l’objectif inavoué de nuire encore une fois au Maroc. Nouakchott n’a pas décliné l’offre algérienne, Mohamed Ould Abdelaziz étant en fin de mandat et cherchant à réformer la Constitution pour briguer un troisième mandat (déjà) contesté.
Vous avez dit "Frères musulmans"!Cette «percée» recherchée par Alger du côté mauritanien, au-delà de son objectif résolument hostile au Maroc, édifie à bien des égards sur l’isolement que vit le voisin de l’Est. Un indice, un de plus, sur cet isolement: la carte des Frères musulmans que veut jouer désormais le régime algérien dans la tentative de se trouver un quelconque rôle sur la scène régionale.
Vue sous cet angle, cette «initiative» promet d’enfoncer davantage un régime algérien qui, en se positionnant sur l’axe Damas-Téhéran, s’est mis lui-même en situation de «hors-jeu» sur la scène arabo-musulmane. Sa crise avec la Ligue arabe, pour ne pas parler uniquement des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), avec à leur tête l’Arabie Saoudite, apporte une preuve matérielle de l’isolement de ce pays.
«UA», le faux pari d’AlgerAlger avait beau jouer la carte de l’entité panafricaine, à travers le noyautage de «l’Union africaine», pour tenter de gagner quelques «points» contre le Maroc sur le dossier saharien, en vain. La contre-offensive menée par le Maroc au Conseil de sécurité a mis en échec toutes les manœuvres hostiles de cette entité, ainsi que celles du secrétariat général de l’ONU. Pour preuve, la résolution adoptée, fin avril dernier, par le Conseil de sécurité, renvoyant dos à dos l’UA et le SG de l’ONU. La tentative d'interférence du soi-disant émissaire de l’UA, l'ancien président mozambicain Joachim Chissano, au Conseil de sécurité, n’a eu aucun impact sur le dossier.
Crise avec la FranceLe déchaînement actuel du tandem algéro-séparatiste contre Paris trouve son explication dans la position française favorable à la thèse marocaine concernant le dossier saharien. Alger, qui pariait sur un «changement» de position sous le mandat du président socialiste François Hollande s’est ramassée. Plus encore, elle a essuyé un véritable camouflet, aussi bien des socialistes au pouvoir que des Républicains (opposition). Nicolas Sarkozy, chef des Républicains, considère Alger comme un réel danger pour la stabilité de l’Europe.
Russie, Chine… la leçon magistraleLa visite du roi Mohammed VI, aussi bien en Russie qu'en Chine, a plongé Alger dans le désarroi. Et pour cause, le souverain a jeté avec ses homologues russe et chinois les bases d'un partenariat stratégique qui promet de révolutionner le mode de coopération entre le royaume et ces deux grandes puissances mondiales. Fort du soutien de ses alliés traditionnels, en Europe comme outre-Atlantique, le Maroc peut désormais compter davantage sur l'appui de Moscou et de Pékin sur le dossier saharien, et pas seulement quand on mesure les retombées économiques de ce partenariat.
Alger se voit ainsi tirer le tapis (Est) sous ses pieds, elle qui croyait à tort que son ancien allié russe était sa seule "chasse gardée". En somme, autant de revers essuyés par un voisin qui, plus est, est assiégé à sa frontière ouest avec la Libye (devenue le QG de Daech), sud avec le Mali et le Niger (arrière-cour d'Aqmi) et, last not least, l'avenir improbable en Mauritanie en raison de la volonté de Mohamed Abdelaziz de rempiler, envers et contre la Constitution, pour un troisième mandat vivement contesté.
Quand à cet isolement vient s'ajouter la vacance du pouvoir (maladie de Bouteflika), la guerre de succession que se livrent le clan Bouteflika et le clan de l'ex-patron du DRS, Mohamed Lamine Mediene, la banqueroute financière annoncée (chute des cours de pétrole), l'on imagine mal comment Alger pourrait s'en sortir.