Comment le PJD brûle ses dernières cartes

عبد الإله ابن كيران، الأمين العام لحزب العدالة والتنمية

Abdelilah Benkirane, Secrétaire général du Parti de la justice et du développement.

Revue de presseLe PJD a renoué avec le discours religieux et populiste pour se refaire une virginité politique. Mal lui en a pris, car il a été fermement recadré par le cabinet royal. Cet article est une revue de presse du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 16/03/2023 à 21h23

En début d’année, et contrairement à ce qu’il prônait quand il dirigeait la coalition gouvernementale, Abdelilah Benkirane a affirmé qu’il n’y avait pas de différence entre la diffusion de la foi (da’wa) et la politique.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 17 mars, que le PJD replonge dans la surenchère populiste pour «refaire la virginité politique qu’il a perdue lors des dernières élections». Certes, face à une défaite électorale cuisante, certains intellectuels du parti ont tenté de le réorienter vers une autre conception de la politique. Mais malgré cette prise de conscience, la formation à la Lampe ne s’est pas départie de son penchant de replacer, encore et toujours, la religion dans la sphère politique.

L’art du double langage

C’est ainsi que le patron du parti islamiste, Abdelilah Benkirane, alors Chef du gouvernement, avait déclaré en 2013, à l’occasion de la fête du Travail, que «Dieu est un acteur essentiel dans tous les domaines, y compris dans la politique». Après avoir été éjecté de la Primature, il a menacé, en 2019, de combattre ceux qui revendiquaient la laïcité de l’État en affirmant que «la Constitution institue l’Islam comme religion d’État et que la monarchie est liée au commandement des croyants. C’est pour cela que nous allons mener la guerre contre ceux qui prônent la séparation entre la religion et la politique».

Ceux qui ont suivi ce débat savent que Benkirane se cache, comme à son habitude, derrière la monarchie en prétendant que la séparation de la religion et de la politique signifie la disparition de la monarchie. Il s’est érigé en tuteur de la religion et de la monarchie, feignant d’oublier que le roi Mohammed VI a, à maintes reprises, appelé à dissocier religion et politique. C’est ainsi que lors des élections qui ont suivi l’adoption de la Constitution de 2011, le PJD a usé d’une lecture dure de la réalité sociale au nom de la religion, évoquant les maux de la société avec un populisme excessif.

Al Ahdath Al Maghribia souligne qu’après avoir remporté la majorité des sièges au Parlement et dirigé le gouvernement, les ouailles de Benkirane ont montré leur vrai visage. Bien qu’elles aient multiplié les slogans de lutte contre la corruption, l’injustice et les inégalités, après cinq ans de gouvernance, les discours pompeux n’ont pas réussi à dissimuler leurs pratiques ignominieuses.

C’est le cas de ces deux amants, islamistes jusqu’à l’extrémisme, qui ont été surpris en flagrant délit d’adultère dans un coin isolé près d’une plage. L’homme, âgé de 63 ans, n’était autre Moulay Omar Benhammad, vice-président du Mouvement de l’Unicité et de la Réforme (MUR), l’aile religieuse du PJD. Quant à Fatima Nejjar, âgée de 52 ans, elle était une prédicatrice qui encourageait les jeunes filles à ne pas regarder les garçons, car les yeux, dit-elle, commettent l’adultère. Les islamistes savent prêcher la morale, l’éthique et la bonne conduite, mais ils rechignent à appliquer les vertus face aux plaisirs de la vie et aux délices du pouvoir.

Jongler avec le populisme

Quant au patron du PJD, il sait jongler avec le populisme quand il est dans l’opposition et n’hésite pas à se contredire quand il fréquente les arcanes du pouvoir. Il a ainsi critiqué le rituel de l’allégeance (Baia) durant les campagnes électorales, avant de la considérer comme une «tradition des Marocains» une fois devenu Chef de gouvernement.

Outre le discours religieux, la cause palestinienne a été pour le PJD un autre moyen de recrutement et de surenchère politique. Ainsi l’a-t-il fait il y a quelques jours dans le communiqué de son secrétariat général. Sauf que le cabinet royal l’a fermement recadré dans un communiqué, en indiquant que la cause palestinienne et l’intégrité territoriale du pays sont placées au même rang, et qu’il n’y a pas de place à la surenchère avec les intérêts supérieurs de la Nation. Face à la colère royale, le PJD a fait profil bas, mais a démontré que la dichotomie dans son discours politique n’a pas changé d’un iota.

Par Hassan Benadad
Le 16/03/2023 à 21h23