Ces preuves consistent en des enregistrements de conversations téléphoniques entre certains accusés et des dirigeants du "front polisario" qui ont été réalisés avant les événements du camp survenus en 2010, et ce sous la supervision du parquet à Laâyoune, a indiqué le représentant du ministère public.
Ces enregistrements contenus dans les PV de la police judiciaire, renferment des informations et des instructions que les accusés ont reçues de parties étrangères sur la manière de mettre en place le camp, de le gérer, de l'encadrer, de communiquer avec les autorités locales et de relever le plafond des revendications sociales qui étaient à l'origine de la création du camp, avec pour objectif de ne pas parvenir à un accord avec les autorités. Présentées à la Cour sous forme de PV, ces conversations consistent aussi en un accord entre le détenu Naâma Asfari et des dirigeants du "front polisario" sur le recours à la violence et à la résistance tout en maintenant le camp dans son état.
De son côté, la défense des accusés a demandé à la Cour de ne pas prendre en considération ces enregistrements, estimant qu'ils n'ont aucun lien avec les chefs d'accusation retenus contre les mis en cause et sans aucune utilité du moment que les accusés ont décidé de se retirer du procès.
Pour sa part, la défense de la partie civile a estimé que ces enregistrements constituent une preuve importante dans ce dossier sur laquelle elle se basera lors de sa plaidoirie, appelant à les joindre au dossier. La Cour a, quant à elle, décidé de présenter ces documents à la défense des deux parties pour les examiner et émettre leurs avis, tout en chargeant le greffier d'informer les accusés concernés de ces enregistrements téléphoniques.
Le procès de Gdeim Izik, qui se tient devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel à Salé, après la décision de la Cour de cassation d'annuler le verdict prononcé contre les mis en cause par le tribunal militaire en 2013, connait une couverture médiatique nationale et internationale, en présence de plusieurs observateurs internationaux.
Le tribunal militaire de Rabat avait prononcé, le 17 février 2013, des peines allant de 20 ans de prison ferme à la perpétuité contre les accusés dans ces événements, poursuivis pour "constitution de bandes criminelles et violences sur les forces de l'ordre ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité". Les événements de Gdeim Izik avaient fait 11 morts et 70 blessés parmi les forces de l'ordre et quatre parmi les civils, ainsi que d'énormes dégâts matériels au niveau des établissements publics et des biens privés.