Après avoir été nommé et investi, le gouvernement semble s'être plongé dans un silence inexpliqué. A-t-il été subitement frappé de mutisme, comme l'ont été durant tout leur mandat ses prédécesseurs, s’interroge le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans l’édito de sa livraison du lundi 25 octobre. Il semble, relève l'éditorialiste, qu'après le trop-plein communicationnel d’avant les élections du 8 septembre, personne ne se soucie plus de s’adresser aux citoyens, même pour les questions brûlantes qui touchent directement leur vécu quotidien.
Pourtant, rien de plus facile que d’expliquer aux gens ce qui se passe. Le gouvernement aurait donc intérêt à communiquer. Certes, c’est une obligation quand il s’agit de répondre, de manière institutionnelle, aux interrogations des parlementaires, mais rien ne l'empêche de s'adresser également directement aux citoyens via les canaux conventionnels et accessibles à tous comme la télé, la radio, la presse, ou encore les réseaux sociaux. Quel que soit le média, les citoyens ont besoin qu’on leur explique certaines choses.
Ils veulent savoir, par exemple, pourquoi les prix de pratiquement tous les produits augmentent. Ils veulent qu’on leur explique si cette augmentation générale des prix est conjoncturelle ou si elle va s’installer dans la durée. Ils voudraient savoir pourquoi cette augmentation ne touche pas uniquement les produits importés, dont les cours varient selon la situation des marchés internationaux, mais aussi certains produits nationaux. Dans tous les cas, ils voudraient que le gouvernement les rassure et leur explique les mesures qu’il compte mettre en place pour faire face à ces augmentations.
Les citoyens, poursuit l'éditorialiste, veulent également savoir pourquoi le gouvernement, qui a pourtant assuré qu’il n’augmenterait pas les impôts, a instauré ou relevé, selon les cas, la taxe intérieure de consommation (TIC) sur de nombreux produits. Or, le gouvernement, qui a d’ailleurs intérêt à communiquer justement sur son projet de loi de finances, avait bien promis de mettre en place une véritable politique sociale. Il a également promis la création d’un million d’emplois, soit 200.000 nouveaux postes par an, alors que le PLF 2022 n’en prévoit qu’un peu plus de 26.000.
Il faut préciser qu’en matière de création d’emplois, il s’agit plutôt de postes créés par l’économie, c’est à dire les entreprises et non l’administration. Cela dit, l’éditorialiste d’Al Ahdath Al Maghribia n’a pas manqué de soulever la question de l’obligation du pass vaccinal pour accéder à certains lieux publics et privés. Les citoyens ont débattu, en long et en large, l’intérêt, l’opportunité et les fondements juridiques et procéduraux d’une telle mesure, au point que ces débats ont, dans certains cas, viré à la violence verbale. Mais le gouvernement n’a toujours pas pipé mot quant à cette question qui touche certaines catégories sociales dans leurs moyens de subsistance.
Ce sont plusieurs questions d’actualité qui touchent directement le citoyen dans sa vie quotidienne et qui restent sans réponse. Et le gouvernement dans tout cela? Eh bien, il semble avoir avalé sa langue pour une raison qu’il est seul à connaître et ne juge toujours pas utile de s’adresser directement aux citoyens pour leur fournir des explications. C’est pourtant une chose à ne pas prendre à la légère. Surtout, conclut l’éditorialiste, que ce mutisme inexpliqué intervient juste après une période de "surcommunication" électorale.