«La Libye refuse la mise à l’écart du Maroc», titre le quotidien Assabah du lundi 20 janvier en se référant à une déclaration du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen. En effet, selon Abdelhadi Lahouij, ministre libyen des Affaires étrangères, l’absence du Maroc de la conférence de Berlin sur la Libye est un non-sens, pour la simple raison qu’il ne peut y avoir de solution à la crise libyenne sans participation de Rabat et sans application des accords de Skhirat.
Pour rappel, l’accord de Skhirat a été signé le 17 septembre 2015 par les différentes factions libyennes, après plusieurs mois et rounds de négociations, sous la supervision de l’ONU et grâce à la facilitation de la partie marocaine.
Ce rôle dynamique et déterminant du Maroc en vue de trouver une solution à la crise libyenne a été mis en exergue par l’entretien téléphonique que le président français, Emmanuel Macron, a décidé, samedi dernier, de tenir avec le roi Mohammed VI, à la veille de la conférence de Berlin, pour le consulter sur ce dossier et lui exprimer son incompréhension quant à la non-présence du Maroc à cette conférence, souligne le quotidien Al Akhbar.
Cette incompréhension a d’ailleurs été officiellement exprimée à travers un communiqué du département de Nasser Bourita, qui a vivement fustigé la non-invitation du Maroc à la Conférence de Berlin sur la Libye. En effet, selon le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération africaine, «le royaume du Maroc ne comprend nullement les critères sur lesquels on s’est basé pour choisir les pays participants» à cette conférence et dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont tous très éloignés de la Libye et peu au fait de sa réalité et des tenants et aboutissants de ses dissensions internes.
C’est ce qui fait écrire à Al Massae que le secret de la mise à l’écart du Maroc et des pays voisins, comme la Tunisie qui a décliné une invitation de dernière minute, vise en fait à enterrer l’accord de Skhirat, pourtant soutenu par le Conseil de sécurité et la majeure partie de la Communauté internationale qui a reconnu le gouvernement de Tripoli. Selon un politologue questionné par Al Massae, la tenue de la Conférence de Berlin ne vise rien d’autre que de faire de la crise libyenne un fonds de commerce.
Une idée que partage Al Ahdath Al Maghribia qui titre: «Le Maroc met en garde contre le marchandage avec le destin du peuple libyen». Al Ahdath rapporte aussi que Ghassan Salamé, représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye, a appelé les conférenciers de Berlin à respecter l’accord de Skhirat. D’une part, et comme les Libyens en ont convenu, il faut les aider à former un gouvernement d’union nationale qui mettrait fin à la juxtaposition de deux gouvernements en guerre, l’un à Tripoli et l’autre à Benghazi. D’autre part, les parties présentes à Berlin doivent exiger que cessent immédiatement les ingérences étrangères dans les affaires libyennes, selon Ghassamé, qui soupçonne ouvertement certaines puissances occidentales de ne lorgner que le pétrole libyen.
Quel sort la capitale allemande reservera-t-elle à la Libye? Car Berlin est de triste mémoire pour l’Afrique puisque, en 1885, une conférence y a procédé au partage du continent noir entre puissances coloniales de l’époque.