Après avoir perdu toutes ses chances d’être reconduit, Chabat a décidé de torpiller le congrès, affirme le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 2 octobre. Le congrès a été, finalement, reporté d’une semaine, note le journal qui ajoute que l’élection du secrétaire général et du comité exécutif n’aura lieu que le 7 octobre. Se sachant fini, le secrétaire général sortant n’a pas manqué, durant sa brève allocution, de dénoncer tantôt des «décisions télécommandées», tantôt la «hogra» (mépris) dont seraient victimes les directions des partis politiques.
Cela dit, le congrès a démarré dans la violence et s'est achevé dans violence, affirme Al Ahdath Al Maghribia. Malgré cela, la déclaration finale a été adoptée, les rapports moral et financier ont été exposés par le secrétaire général sortant et adoptés par les congressistes. Mais les deux points cruciaux du congrès ont été reportés d’une semaine. Pour les congressistes, leur mission s’arrête là. Les quelque 1000 nouveaux membres du Conseil national seront, quant à eux, appelés à refaire le voyage à Rabat pour élire le secrétaire général et le comité exécutif.
Pourtant, précise le journal, le comité organisateur du congrès s'était préparé aux pires des scénarios. Plus de 300 agents de sécurité surveillaient l'accès aux locaux. Des entrées spécifiques avaient été réservées aux invités, aux médias et aux congressistes qui portaient un badge électronique leur permettant l’accès à la salle. Malgré toutes ces précautions, les violences ont éclaté dès le premier jour du congrès.
«Des assiettes volantes et du sang pour marquer la fin de l’ère Chabat à l’Istiqlal», titre ainsi Al Akhbar dans son édition du jour. Le journal, qui revient sur les trois journées du congrès, a d'ailleurs recueilli les témoignages de personnalités importantes et donné la parole au secrétaire général sortant, Hamid Chabat, à son rival Nizar Baraka, à Noureddine Moudiane, président du congrès, à Abdellah Bakkali, président du comité préparatoire et à Taoufiq Hejira, président sortant du conseil national. Mais le journal note, surtout, que l’ancien secrétaire général, Abbas El Fassi, s’est montré dépassé par les événements. Quant au traiteur chargé d'organiser le congrès, il a dû recourir à quelques astuces pour limiter les dégâts, troquant les verres contre des gobelets et attachant les chaises pour éviter qu’elle ne servent de projectiles.
Pour sa part, le quotidien Assabah estime, dans son édition du lundi 2 octobre, que ce congrès signe la fin de Chabat auquel les congressiste on refusé de donner un quitus, même si le rapport financier qu’il a exposé au début du congrès a fini par être adopté. Selon le journal, Hamid Chabat a choisi sciemment l’escalade, sachant que tous ses soutiens lui ont tourné le dos.
Le journal est également revenu sur les termes de la déclaration finale du congrès. Ainsi, ont affirmé les congressistes, cités par le journal, «on ne peut parler de développement sans démocratie et d’une véritable démocratie en l’absence de partis et d'institutions constitutionnelles». De même, l’Istiqlal a plaidé pour l’approfondissement du processus des réformes politiques dans le Royaume, à travers une révision constitutionnelle, en vue de combler les lacunes et d’identifier de nouveaux besoins.
Le journal Al Massae, quant à lui, se penche sur les coulisses des dernières négociations entre Ould Errachid, Chabat et les partisans de «la troisième voie». Ainsi, affirme le journal, Hamdi Ould Errachid et Nizar Baraka ont essayé une dernière fois, dans la nuit de samedi à dimanche, de convaincre Hamid Chabat d’accepter un deal politique et de se retirer de la course au secrétariat général contre la promesse de réserver à ses partisans un nombre déterminé de sièges au sein du comité exécutif. Les trois parties devaient s’entendre, le cas échéant, sur une liste fermée des membres du comité exécutif, mais Chabat a refusé ce marché.
Pour sa part, affirme le journal, Abdelouahed El Fassi a tenté une médiation entre Chabat et Ould Errachid afin d'éviter le scénario de la «guerre des assiettes», mais sa tentative a échoué. D’autres tractations ont eu lieu entre Ould Errachid et le clan de la «troisième voie». L’influent dirigeant sahraoui a proposé au trio Abdelkader El Kihel, Adil Benhamza et Abdellah Bakkali, une entente à propos d’une liste fermée de membres du comité exécutif contre l’engagement de ces derniers à voter contre Chabat qui, lui, a tenté de convaincre ses trois anciens lieutenants de barrer le chemin de la direction du parti à Nizar Baraka.