L’on sait maintenant clairement pourquoi le polisario, à l’image de son université d’été de Boumerdès, ne tient jamais ce qu’il appelle ses congrès dans les camps de Tindouf ou dans une autre ville algérienne où les infrastructures d’accueil sont disponibles. La tenue de ces congrès, chaque quatre années dans la zone tampon, n’a pas pour unique but de faire de la propagande pour de prétendus «territoires libérés», mais surtout d’éviter qu’une explosion populaire, toujours latente dans les camps de Lahmada, n’éclate à la face des invités du Polisario.
Mais cette fois-ci, le Polisario a eu recours à une méthode ultra-dictatoriale. Cest quasiment un état d’exception qui a été décrété ces derniers jours dans les camps de Tindouf, en concomitance avec la tenue du 15e congrès des séparatistes (19-23 décembre). En effet, selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du mardi 17 décembre, d’importants renforts militaires ont été déployés autour des camps de Tindouf, mais aussi au niveau des accès menant à Tifariti, où se tient ce congrès.
Il s’agirait ainsi, en plus de la privation d'internet et des réseaux, d’empêcher les nombreuses voix opposées à la direction actuelle du Polisario de s’exprimer ou d’accéder au site du Congrès. Pour ce faire, les «services» du Polisario ont eu carte blanche pour sévir en vue de bâillonner, intimider et arrêter tout opposant qui tenterait de s’exprimer au nom des nombreuses voix discordantes dans les camps de Lahmada.
D’ailleurs, plusieurs opposants du Polisario ont appelé, depuis plusieurs semaines, à boycotter ce «congrès non ordinaire» qui cherche à légitimer une «direction despotique dont le début de la fin a sonné».
C’est dans ce climat délétère que Brahim Ghali, le chef contesté du Polisario, a tenu un discours, dimanche, devant la commission préparatoire dudit congrès, où il a évité de parler de la situation (catastrophique) des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Un point sur lequel il était attendu, sachant que, parmi les dirigeants-tortionnaires du Polisario, une petite poignée, dont Béchir Mustapha Sayed, a choisi de faire son mea culpa. Ce dernier a en effet reconnu, dans un récent enregistrement vidéo, avoir commis de graves dépassements en matière de violations de droits humains, au même titre que d’autres dirigeants du Polisario.
Brahim Ghali, qui a mâté cette année plusieurs manifestations à travers des déploiements massifs de chars et blindés, emprisonné plusieurs bloggeurs et activistes politiques, dont certains sont toujours portés disparus, a préféré, selon Al Ahdath, ressasser sa rengaine de va-t-en guerre et d’exigence d’un référendum que le Conseil de sécurité de l’ONU a définitivement enterré depuis longtemps.