Il fallait s’y attendre. Dès que le ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Benchaâboun, a confirmé l’institution de la nouvelle taxe dite «contribution de solidarité» pour l’année 2021, les syndicats ont crié au scandale. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 22 octobre, que des voix syndicales se sont élevées contre cette «nouvelle atteinte» au pouvoir d’achat déjà précaire d’une importante catégorie de la population. Le secrétaire général de la CDT Abdelkader Zaër dit refuser cette décision «improvisée» qui vise à collecter des millions de dirhams «sur le dos des citoyens». Il indique que cette taxe ne reflète pas une véritable volonté du gouvernement pour atténuer les répercussions économiques de la pandémie sur la population.
Le syndicaliste a rappelé qu’il avait demandé au gouvernement, par le passé, de créer un fonds de réserve pour les situations d’urgence, comme celui du Covid-19. Et le patron de la CDT de tirer la sonnette d’alarme: «Les citoyens marocains souffrent le martyre des répercussions du coronavirus et tout nouveau prélèvement sur leurs revenus entraînerait un mouvement de mécontentement général dont les conséquences seraient désastreuses».
Pour sa part, l’UMT a exprimé son opposition à l’instauration de cette taxe qui, selon elle, porte atteinte aux acquis des fonctionnaires, aussi bien au niveau matériel que moral. Ce qui est encore plus aberrant, poursuit le syndicat, est de voir qu’au même moment le gouvernement distribue des sommes considérables aux entreprises, exonère les grandes fortunes et encourage la fraude et l’évasion fiscale. D’autant, ajoute le communiqué de l’UMT, que les chefs d’entreprise, encouragés par le gouvernement et les autorités, se sont empressés de licencier 600.000 ouvrières et ouvriers sans leur offrir la protection sociale nécessaire en ces temps de crise épidémiologique.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rappelle que le projet de loi de Finances a institué une contribution sociale de la solidarité sur les bénéfices et revenus au titre de l’exercice 2021. Cette taxe, qui concerne les personnes morales et physiques, s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour mobiliser les ressources en faveur des catégories démunies et consolider la solidarité sociale. Cette contribution est calculée selon le taux de 1,50% pour les salariés qui perçoivent un salaire net de 10.000 dirhams par mois et plus. Quant au taux appliqué aux sociétés, il est progressif et est calculé sur la base du bénéfice réalisé.
C’est ainsi que les sociétés qui réalisent un bénéfice en dessous de 5 millions de dirhams seront exonérées, celles dont les bénéfices se situent entre 5 et 40 millions de dirhams seront taxées de 2,5% et les entreprises qui réalisent un bénéfice net supérieur à 40 millions de dirhams paieront 3,5%. Il faut préciser que les sociétés exonérées de l’impôt de manière permanente et les entreprises installées dans les zones franches industrielles, ainsi que les sociétés de service du pôle financier de Casablanca, ne sont pas assujetties à cet impôt.