Si ces interpellations viennent pointer du doigt un malaise profond que la société algérienne vit depuis bien longtemps, elles ont fait craqueler la chape de plomb que les autorités algériennes veulent maintenir sur les exactions qu’elles commettent, même en cette période de crise sanitaire, faisant fi des injonctions de la communauté internationale et des appels des ONG de défense des droits de l’homme.
Au moment où plusieurs pays à travers le monde ont répondu positivement à l’appel de Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU, de libérer les détenus pour éviter que la propagation du coronavirus ne fasse des ravages dans les prisons souvent surpeuplées du pays, les autorités algériennes continuent de juger et d’arrêter des militants à tour de bras.
Le Parlement européen s’est saisi de cette situation inédite dans le monde par l’une de ses instances les plus influentes et les plus écoutées, à savoir la sous-commission des droits de l’homme, relayée par une autre structure des relations extérieures de la même institution parlementaire, en l’occurrence la fameuse DMAG (Délégation du Parlement européen, chargée des relations avec les pays du Maghreb).
Dans une déclaration conjointe, rendue publique le 26 mars dernier, la présidente de la sous-commission des droits de l’homme, Maria Arena, et le président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb, Andrea Cozzolino, ont dénoncé «l’acharnement judiciaire» dont est victime le militant des droits de l’homme algérien Karim Tabbou, tout particulièrement dans ce contexte de crise sanitaire.
Ils rappellent dans leur déclaration conjointe que ce leader du Hirak algérien «devait sortir de la prison de Koléa jeudi 26 mars, après avoir purgé sa peine, et ce, conformément au verdict du tribunal du 11 mars 2020», mais Karim Tabbou a été de nouveau condamné, en l'absence de ses avocats, à une nouvelle peine de prison.
«Alors que nous souffrons tous de la crise sanitaire mondiale, nous appelons les nouvelles autorités algériennes à prendre toute la mesure qu'une telle décision pourrait avoir sur l'intégrité physique de M. Tabbou et sur celle de l'ensemble des détenus du Hirak, ainsi que les risques sérieux en matière de santé publique» ajoutent-ils.
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Quelques jours plus tard et au regard du caractère urgent et hautement humanitaire de cette affaire, les présidents des deux instances du Parlement européen ont interpellé le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangères Josep Borrell à travers une question prioritaire, demandant une intervention immédiate pour libérer ce leader, ainsi que tous les détenus d’opinion en Algérie.
Les deux présidents ont rappelé qu’au moins 173 personnes sont toujours en attente de jugement pour avoir participé aux manifestations pacifiques du Hirak, interrogeant l’Exécutif européen sur les leviers que l’UE compte utiliser pour demander aux autorités algériennes de libérer ces détenus.
Si l’actualité du coronavirus a précipité le déclenchement de ces mécanismes au niveau du Parlement européen, le sujet des droits de l’homme en Algérie n’est pas étranger aux institutions européennes, puisqu’il a été à maintes reprises au menu des réunions du Conseil d’Association Algérie-UE et du dialogue politique entre les deux parties et a fait l’objet de plusieurs dizaines de questions parlementaires et de résolutions au niveau du Parlement européen, sans compter les débats au niveau du Conseil de l’Europe à Strasbourg.
Il importe de rappeler dans ce contexte, la résolution du Parlement européen du 28 novembre 2019 condamnant les violations massives des droits de l’homme en Algérie, la violence à l’encontre des militants et des manifestants, les cas de torture avérés et la politique de persécution religieuse qui s’est traduite notamment par la fermeture des églises.
La même résolution avait appelé les autorités algériennes à mettre fin à toute forme d’intimidation, y compris le harcèlement judiciaire et législatif, l’incrimination, ainsi que les arrestations et les détentions arbitraires à l’encontre des manifestants pacifiques, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes critiques et des blogueurs, ainsi qu’à prendre les mesures nécessaires pour garantir leur protection physique et psychologique, leur sécurité et leur liberté de mener leurs activités légitimes et pacifiques.
A cette interpellation cinglante de l’Europe, l’Algérie a opposé le déni du droit. Elle s’est dérobée de ses responsabilités, en traitant le Parlement européen et ses honorables membres de tous les noms puisés dans le lexique de la haine et de l’indécence.
L’Algérie, qui n’hésite pas à actionner quelques uns de ses relais au sein du même Parlement européen pour nuire au Maroc, a estimé que cette institution «s’ingère dans ses affaires» à travers ce qu’elle a qualifié de «députés partisans».
Que faut-il dire alors de cet enfant illégitime sorti des entrailles des services algériens qu’est «l’intergroupe sahraoui» dont le président et les quelques membres émargent auprès d’officines douteuses de lobbying en Europe avec le seul objectif de nuire au Maroc et à ses institutions?
La prise en charge aujourd’hui de la question récurrente des droits de l’homme en Algérie par le Parlement européen, témoigne une nouvelle fois de l’échec flagrant d’une diplomatie défraîchie qui peine à vendre à l’international une démocratie à la baïonnette.
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C’est la fin de la partie pour les courtisans, porte-paroles et autres thuriféraires de ce régime qui veulent faire croire à un pays modèle. Mais les faits sont là! Figés et impitoyables.
Hier encore à Genève, la machine de propagande algérienne a vite enfanté 200 pseudo-ONGs pour torpiller la consécration du Royaume, à travers son ambassadeur à New York, comme facilitateur du processus de renforcement des organes des Traités des droits de l’Homme des Nations Unies.
Sur les colonnes de sa presse servile et à travers son agence officielle, le régime d’Alger s’est donné à cœur joie de critiquer cette nomination, expression sibylline de sa haine viscérale contre le Maroc.
Dans un long récit soporifique, l’APS s’est permise, toute honte bue, d’accuser le Maroc, après avoir insulté son diplomate, de ne pas respecter les droits de l’homme et a trouvé le raccourci à la fin du texte par un tête-à-queue pour évoquer son "sujet fétiche": le Sahara marocain.