Les services de sécurité de l’aéroport de Rabat-Salé ont interpellé, au matin de ce mardi 30 avril, Anas Al Yemlahi, le troisième vice-président de la commune de Tétouan, qui avait aussi été par le passé un conseiller dans le cabinet de Mohamed Ben Abdelkader, ministre de la Justice d’un précédent gouvernement.
Le prévenu était de retour d’un voyage en Espagne où il s’était réfugié, après avoir fait l’objet de plusieurs plaintes concernant l’émission de chèques sans provision, et accusé d’être impliqué dans une affaire de corruption, relaie Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 1er mai.
Les plaignants l’accusent d’avoir perçu des pots-de-vin de la part de certaines personnes auxquelles il aurait promis de les faire embaucher dans des postes de commissaires judiciaires, alors que ces recrutements s’effectuent sur concours, et sont organisés par le ministère de la Justice.
Des sources autorisées indiquent que le vice-président du conseil de la commune de Tétouan a accumulé beaucoup de dettes, en émettant des chèques sans provision, et en établissant des reconnaissances de dette.
Le prévenu promettait aux personnes qu’il réussissait à duper des postes dans la fonction publique, ou de résoudre les tracas de certains fonctionnaires avec leur administration, se prévalant d’une longue période où il avait exécuté des missions en tant que conseiller dans le cabinet de Mohamed Ben Abdelkader.
Issu de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, aujourd’hui dans l’opposition), Mohamed Ben Abdelkader avait dirigé le ministère de la Modernisation de l’administration publique et le ministère de la Justice, sous les deux mandats de coalitions gouvernementales dirigées, de 2012 à 2019, par Saad Dine El Otmani, du Parti de la Justice et du développement (PJD, opposition).
Parmi les plaintes déposées contre Anas Al Yemlahi, celle d’un individu qui lui aurait remis la somme de 300.000 dirhams afin qu’il fasse embaucher l’une de ses proches au poste de commissaire judiciaire.
Les interlocuteurs d’Al Ahdath Al Maghribia soulignent que le prévenu sera transféré à Tétouan, où il devra être présenté au procureur du Roi près le tribunal de première instance.
Certains de ses proches auraient entrepris des médiations auprès de ses créanciers, afin de tenter de les convaincre de retirer leur plainte, et d’autres ont même commencé à collecter de l’argent auprès de certains entrepreneurs et hommes d’affaires de la ville, dans le but d’éponger ses dettes.
Il n’est pas exclu, explique le quotidien, qu’après avoir été auditionné à Tétouan, l’ex-conseiller soit une nouvelle fois convoqué devant le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat, afin d’être par la suite déféré devant le parquet en charge des crimes financiers.
Le magistrat aurait ouvert une enquête, suite à la publication d’articles de presse, accusant le prévenu d’avoir perçu des pots-de-vin en tant que président du conseil de la commune de Tétouan, en contrepartie de promesses d’embauches à des postes de fonctionnaires au ministère de la Justice.
Certains de ses proches estiment que ses dettes s’évaluent à des dizaines de millions de dirhams, répartis en différents chèques sans provision et en diverses reconnaissances de dette.