Dans son réquisitoire sur les 212 Offices et 44 entreprises publiques que compte l'Etat, Driss Jettou a enregistré leur endettement de 245,8 milliards de dirhams soit 25% du PIB. Cet endettement s'est aggravé entre 2010 et 2015 de 64,4%.
L'Etat a injecté quelque 34,1 milliards de dirhams dans ces établissements alors que les recettes versées par ces derniers en faveur du Trésor n'ont pas dépassé 9,8 milliards de dirhams, selon M. Jettou. Il a appelé à un redressement structurel et à un assainissement financier de ces établissements. "Il est urgent aussi de résoudre la gestion de la Caisse interne de retraite de l'ONEE dont les arriérés se sont élevés fin 2015 à quelques 19,7 milliards de dirhams", a-t-il par ailleurs indiqué dans son analyse sans citer les sources de la Cour des comptes.
Une source gouvernementale a précisé à LE360 que la Cour des comptes a fondé son analyse sur des statistiques fournies par le gouvernement.
Driss Jettou a en outre accusé les départements ministériels de tutelle de proposer des pistes pour améliorer le rendement de ces Offices, et proposé de transformer les entreprises à caractère commercial en sociétés anonymes.
L'ancien Premier ministre s'est longuement arrêté sur un autre mal qui frappe la fonction publique, celui de l’augmentation du nombre global de fonctionnaires en 2015 qui s'est élevé à 585.500 dans l'Education nationale, l'Intérieur, la Santé, la Justice et les Finances. Il a dénoncé un personnel pléthorique œuvrant au niveau des 16 académies qui emploient un total de 7683 fonctionnaires et des 63 délégations de l'enseignement qui disposent de 2364 fonctionnaires.
La Fonction publique souffre également de l'absentéisme devenu un fléau au niveau de l'Education nationale où en 2014, 636.000 journées d'absences ont été enregistrées, soit une absence moyenne de 4.000 enseignants.
Entre 2008 et 2015 la masse salariale -qui a été de 102,7 milliards de DH en 2015 - a augmenté de 47% avec une hausse des recrutements de 8,5% . Autre point sur lequel Jettou a insisté : l'obligation et l'urgence d'entreprendre une réforme "globale de l'ensemble des régimes de retraites".
"Il faut une réforme collective et globale des régimes de retraites", a-t-il recommandé, notant que la réforme proposée actuellement ne vise qu'à réduire le déficit des réserves de la Caisse marocaine de retraite (CMR). Ce déficit tombera de 2016 à 2017, c'est à dire au début de la réforme de 6,8 milliards de DH à 3,2 milliards de DH. Ce déficit de la CMR va atteindre 4,1 milliards de DH en 2020.