Quand le Maroc sortira-t-il enfin du flou qui enveloppe l’évolution de la pandémie? Quand les Marocains pourront-ils enfin reprendre leur vie normale? Ce sont des questions que tout le monde se pose aujourd’hui, à moins de deux semaines du mois de Ramadan. Il y a quelques mois, le ministre de la Santé avait évoqué la possibilité que les Marocains puissent passer un mois de Ramadan «normal». Aujourd’hui, non seulement cette perspective est de moins en moins probable, mais c’est plutôt le contraire qui risque de se produire. Et pour ne rien arranger, voici qu’un post du chef du gouvernement sur les réseaux sociaux rend la situation encore plus ambiguë.
Saâd-Eddine El Othmani a ainsi mis en garde les Marocains contre une troisième vague du virus, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 29 mars. Pour donner à ses propos de la consistance, El Othmani a précisé que les deux dernières semaines ont connu une hausse sensible des cas de contamination, et que le Maroc a enregistré un nombre inquiétant de cas graves. Après une relative accalmie, 72 cas graves ayant nécessité une hospitalisation ont, en effet, été enregistrés en seulement 24 heures. Des propos qui ont été interprétés comme une sorte de mise en condition des Marocains afin de les préparer à un reconfinement, ou, du moins, à un renforcement des mesures de sécurité sanitaires pendant le mois sacré, souligne le quotidien.
Pour beaucoup, les propos du chef du gouvernement laissent prévoir un confinement partiel pendant la nuit, et donc l’annulation, comme pour l’année dernières, des prières rogatoires (Taraouih) et le maintien du couvre-feu nocturne actuellement en vigueur. Ce qui revient à interdire les activités nocturnes et les déplacements urbains et interurbains. Par ailleurs, citant des sources bien informées, le quotidien affirme que les mesures de sécurité actuellement en vigueur seront maintenues même après le mois sacré.
Il faut dire que la rareté des vaccins et les tensions que connaît le marché ont fait que le Maroc n’a pu boucler sa campagne de vaccination avant le Ramadan, comme il l'avait espéré au début, souligne de son côté le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du même jour. Les fournisseurs du Maroc en vaccin n’ont pas respecté le calendrier convenu, précise le quotidien. Du coup, alors que nos voisins européens et bien d’autres pays sont actuellement sous l’emprise d’une troisième vague, le seul moyen pour s’en sortir est de maintenir le même niveau de vigilance et de respecter les mesures de sécurité en vigueur.
Or, s’inquiète le quotidien, on assiste justement à un relâchement général qui n’est pas sans rappeler la situation lors du déconfinement, au début de l’été dernier, avec les conséquences que l’on connaît. Certes, la troisième vague nous guette toujours, soutient Taieb Himdi, médecin et spécialiste de la politique sanitaire, mais nous pouvons éviter le pire pour peu que l’on maintienne les mesures de sécurité sanitaires. En effet, pour ne pas revenir à la case départ, il faut rester vigilant et maintenir les mesures de prévention, souligne à son tour le professeur Azzeddine Ibrahimi, directeur du Laboratoire de biotechnologie à la Faculté de médecine de Rabat. Pour ce dernier, il faut continuer à porter le masque, respecter la distanciation physique et se laver les mains au savon ou utiliser les solutions hydro-alcooliques.
Le Maroc, affirme-t-il, a pu gérer la pandémie grâce à sa politique anticipative. Aujourd’hui, il a pu obtenir pas moins de 8,5 millions de doses de vaccin, ce qui lui a permis de vacciner toutes les personnes à risque. Avec l’évolution qu’a connue le marché, il a décidé de multiplier les vaccins et donc les fournisseurs, ce qui permettra de maintenir la campagne de vaccination à un rythme acceptable. En outre, dans un récent post sur facebook, le professeur Ibrahimi explique que, grâce à la politique qu’il a menée jusque-là, le Maroc fait aujourd’hui face à un «Covid-19 light». Et, d’après lui, si l'on patiente encore quelques mois, en respectant les trois règles de base, nous pourrons espérer sortir complètement de la crise et revenir à la vie normale d’ici le début de l’été.