Dans une tribune publiée par le magazine Jeune Afrique, le diplomate marocain questionne les enjeux autours des systèmes de santé sur le territoire africain et suggère des actions mieux coordonnées entre les différentes chancelleries du monde afin de mieux contrer les effets de la crise sanitaire.
Selon Youssef Amrani, le Covid-19 a mis à nu des manquements institutionnels d’une gouvernance multilatérale alourdie par des redondances bureaucratiques et des défaillances opérationnelles. Dès lors, il apparait clairement qu’une refonte est nécessaire, en vue d’un renforcement des mécanismes et des procédés des institutions internationales, affirme-t-il, plaidant pour "inscrire l’action diplomatique dans le cadre d’un multilatéralisme de complémentarité qui se fonde sur un socle commun de valeurs, de visions et de stratégies".
Aux yeux de l’ambassadeur marocain, la gouvernance mondiale doit gagner en flexibilité sans perdre en crédibilité: "Il ne s’agit pas d’imposer la volonté du plus fort au plus faible, mais de trouver les consensus d’une cohérence globale où chaque partie assumerait ses obligations".
Il a préconisé, à cet égard, que les rapports de force doivent laisser place au "rapport d’interdépendance", car "l’unilatéralisme n’a aucune cohérence dans un monde d’intervulnérabilité".
Dans ce contexte-là, souligne Youssef Amrani, "tout l’enjeu pour la diplomatie africaine sera d’outiller ses mécanismes de déploiement à l’international pour porter un même message et poursuivre une même ambition". Pour cela, "l’Union africaine de demain doit être plus inclusive, plus cohérente et plus organisée", et sa diplomatie plus forte et plus compétente.
Pour lui, la diplomatie de demain ne s’exercera pas uniquement dans les couloirs des ministères des Affaires étrangères, mais également dans ceux des grandes multinationales, des laboratoires, des think tank, sans oublier les plateaux de télévision et les universités. Et "si le diplomate déserte ces couloirs, il déserte le terrain et l’objet même de son action", prévient-il, assurant que "face à un spectre élargi d’acteurs de la société internationale, le diplomate s’impose comme un pivot qui transmet l’information et négocie la décision.
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Alors que l’innovation deviendra un outil et une finalité dans les jeux géopolitiques et géostratégiques, le diplomate doit gagner en expertise et en réactivité pour évoluer dans un environnement qu’il doit être en mesure de transformer au gré des exigences du moment, préconise-t-il.
"La capacité à s’appuyer efficacement sur les réseaux sociaux et les nouvelles technologies de communication seront les attributs obligatoires des futurs diplomates", affirme Youssef Amrani, soulignant que la dématérialisation et la digitalisation progressives du travail du diplomate sont inéluctables, à tel point qu’on observe aujourd’hui l’émergence d’une forme de diplomatie virtuelle.
Et de souligner, dans ce contexte, que "l’importance du 'soft power' dans la diplomatie augmentera, particulièrement dans ses déclinaisons scientifique et technologique. L’innovation deviendra un outil et une finalité dans les jeux géopolitiques et géostratégiques. Le diplomate devra élargir le spectre de ses interlocuteurs en engageant de façon plus efficiente la communauté scientifique, les multinationales, la société civile et les ONG qui sont, désormais, des acteurs incontournables et souvent déterminants dans les relations internationales".
Dans cette tribune, l’ambassadeur marocain a également plaidé pour une approche solidaire et responsable, comme celle prônée par le Maroc.
"À l’échelle africaine, il nous appartient de toujours regarder vers l’avenir de cette émergence continentale, qui fédère les identités et mobilise les forces d’une nation africaine aux forces vives inégalées", affirme-t-il, soulignant que " le leadership du Roi Mohammed VI a fait de l’avènement africain une perspective non seulement voulue mais tracée à la faveur d’une vision globale, d’une action inclusive et d’une approche solidaire et responsable".
"En interne comme à l’international, la vision du Roi Mohammed VI est celle qui érige la dimension humaine au cœur des priorités, en conditionnant toutes les perspectives de développement d’abord et avant tout au bien-être, à la santé et à la sécurité du citoyen africain", note Youssef Amrani. D’ailleurs, a-t-il dit, "la décision historique de généraliser la couverture sociale, pour tous les Marocains, préside en réalité de cette même culture d’altruisme, de cette même démarche de responsabilité et de cette même conviction humaniste".