Les divergences entre les composantes de la majorité conduite par Saad-Eddine El Othmani continuent de l’affaiblir. Après les tensions successives entre le PJD et le RNI ainsi que les sorties critiques du Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, c’est au tour du PPS de hausser le ton. Son comité central vient en effet d’affirmer que le retrait du parti du gouvernement demeure plausible. Les camarades de Nabil Benabdellah avaient, par le passé, brandi cette menace quand l’Exécutif avait supprimé, sans les consulter, le secrétariat délégué à l’eau géré alors par une dirigeante de leur parti.
Le patron du PPS a jeté un pavé dans la mare en déclarant que «le gouvernement actuel est plus faible que les précédents et que le parti n’est pas aussi à l’aise que durant la mandature d’Abdelilah Benkirane». Le conseil national du PPS, qui s’est réuni la semaine dernière a, dans un communiqué, souligné que le parti «continuera à conjuguer ses efforts pour dépasser cette situation. Il assumera sa mission aussi bien dans la configuration actuelle au sein du gouvernement que dans n’importe quelle autre situation selon l’efficacité et les progrès du gouvernement dans la réalisation des réformes politiques».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du lundi 6 mai, que la menace de Benabdellah résonne comme un dernier avertissement. Dans un entretien accordé à Med Radio, il n’a pas hésité à déclarer: «Si cette majorité n’arrive pas à retrouver ses esprits, nous allons nous retirer du gouvernement».
Le communiqué du conseil national du parti est tout aussi alarmiste, exprimant «son aspiration à ce que toutes les composantes politiques s’attellent à traiter les dossiers qui retiennent l’attention de notre patrie et de notre peuple au lieu de verser dans la concurrence politicienne qui accroit l’ambiguïté, réduit la confiance dans les institutions et élargit le fossé de la discorde qui présage de graves dangers».
Le conseil national du PPS a, en outre, réitéré son appel «à rationaliser les mécanismes de la majorité en respectant sa charte». Et le PPS de marteler: «Nous réaffirmons nos critiques sur certains choix négatifs qu’a connus notre scène politique ces dernières années et qui ont fini par donner des résultats négatifs. Nous considérons que le respect total du choix démocratique demeure le chemin le plus efficace pour poursuivre la voie de la réforme».
Face à cette prise de position, le PJD craint que son plus fidèle allié au gouvernement ne mette ses menaces à exécution. L’année dernière, la direction du parti islamiste avait pesé de tout son poids pour empêcher le PPS de prendre cette décision. Les militants du PPS critiquent «le comportement politique» de leurs alliés du PJD, du RNI ou de l’USFP. Ce dernier parti est accusé par Benabdellah d’avoir, depuis plus de 30 ans, entretenu des rapports antagonistes avec le PPS.