C’est le plus grand procès jamais instruit contre les hauts officiers du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), restructuré par le président Abdelaziz Bouteflika. Celui qui s’ouvrira en juin au tribunal de Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie. Ce méga-procès constitue un nouveau tournant dangereux dans le bras de fer engagé entre le clan présidentiel et celui de l’ex-patron du DRS, Mohamed Lamine Mediene, limogé à la mi-septembre 2015, au lendemain de l’incident de tirs qui a eu lieu en juillet 2015 dans la résidence du président Bouteflika à Zéralda, à proximité d’Alger.
Ce procès, à l’arrière-goût de revanche, prend pour cible plusieurs colonels qui étaient à la solde de l’ancien homme fort de l’Algérie, Mediene, alias «Tewfik», mis en cause dans des pratiques d’intimidation brutales perpétrées durant la tristement célèbre décennie noire (années 90), dont l’affaire dite du «port d’Alger» se veut l’illustration la plus affligeante.
En effet, «entre 4000 et 6000 cadres et anciens fonctionnaires des administrations publiques et des entreprises d’Etat algériennes ont été victimes de procès montés de toutes pièces pour les écarter de leurs postes suite à des rapports bidonnés par des enquêteurs du DRS, les puissants services de renseignement militaire algérien, au cours de la sombre décennie 1990», révèle le site français d’information en continu, «Mondafrique».
«Certains ont passé plusieurs années en prison au nom d’une soi-disant détention préventive. D’autres, ont été condamnés à la prison ferme avant d’être relâchés. Interrogés dans les salles obscures de la police politique algérienne, plusieurs ont sombré dans la démence. D’autres gardent des séquelles encore vives de leurs passages dans les cellules des prisons algériennes», relève le site français.
«Il s’agit de la première affaire de réhabilitation des cadres injustement emprisonnés suite à une enquête bâclée par trois colonels du DRS à l’origine d’un scénario machiavélique pour dérober à des manutentionnaires privés un marché de 12 millions d’euros», ajoute le site français.
Plusieurs hauts galonnés s’attendent à être convoqués à ce procès retentissant, dont l’ex-colonel Lahlou dit «Sofiane», ainsi que l’ancien magistrat de la Cour d’Alger Belkacem Zoghmati, qui avait condamné à la prison les victimes de l’affaire du port d’Alger sans que leur culpabilité soit démontrée.
Question toutefois: le général-major Tartag, nouveau patron du DRS restructuré, va-t-il collaborer avec la Justice ? Quand on sait que «le Bombardier», -ainsi le surnomme-t-on à Alger- est l’un des stratèges du génocide perpétré durant la décennie noire (250.000 morts !), il est peu probable qu’il le fasse.