La trouvaille n’aura sûrement pas effleuré l’esprit du fou illuminé Abou Bakr Al-Baghdadi, encore moins celui de son rival d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel. Quoi ? «Un pacte entre le Makhzen et ces groupes terroristes islamistes», découvre le génialissime journal algérien, L’Expression, qui s’étonne que le peuple tunisien frère ait été visé à deux reprises dans l’intervalle de trois mois, par l’hydre terroriste à plusieurs têtes, alors que le Maroc en est jusqu’ici resté à l’abri. Et comme il faut bien étayer cette accusation par des arguments, le confrère a été chercher «de nombreux indices convergeant vers l’existence d’une alliance diabolique entre le Maroc, Daech et Al-Qaïda pour épargner le royaume».
Voilà ce que cela donne : la Tunisie est un pays touristique. Or le Maroc est aussi un pays touristique. Alors forcément, le Maroc ne pouvait être épargné par les attentats terroristes, ceux-là mêmes qui ont fait en Tunisie, en ce vendredi 26 juin de sinistre mémoire, 39 morts parmi des touristes étrangers ! Voici un syllogisme que même les tenants de la logique aristotélicienne auraient été incapables d’inventer.
«Frappant au cœur son industrie touristique qui demeure une des activités économiques principales de la Tunisie. Une caractéristique commune avec le Maroc qui attire bon an mal an quelque 10 millions de touristes, ce qui lui permet d’engranger une manne financière de près de 8 milliards de dollars (en 2003)», a klaxonné notre confrère «l’Expression»! Du coup, l’excellent travail du renseignement marocain, universellement connu et reconnu, pour sa capacité anticipative et opérationnelle, est éludé au profit de divagations dignes du charlatanisme moyenâgeux.
Mais passons, car la sortie de notre confrère trahit une pathologie algérienne pratiquement incurable : la jalousie. «La manne financière de 8 milliards de dollars que le royaume engrange de l’activité touristique» semble déranger au plus haut point le voisin de l’Est qui, en dehors des hydrocarbures, dégage à peine 1 milliard de la valeur de ses exportations !
Mais est-ce là une raison pour que notre confrère appelle de ses vœux maladifs les groupes terroristes pour lancer des attaques contre le Maroc, plus précisément contre les touristes qui se bousculent (n’en déplaise à l’Algérie) aux portes du royaume ? Sauf ignorance, le journal veut-il ainsi inciter au crime contre un voisin dont le seuil "tort" est d’avoir fait le choix de l’effort pour avancer et rejoindre les pays développés ?
Il s’avère que nos confrères algériens, à la botte des apparatchiks d’un régime fossilisé, se sont découvert la curieuse vocation de tirer sur tout ce qui bouge au Maroc. Le succès du royaume dérange tellement le voisin de l’Est qu’il ne trouve plus rien à faire en dehors de son interminable guéguerre donquichottesque, risible et par-dessus tout pitoyable. Cette guéguerre ne date certes pas d’hier, mais il faut noter qu’elle s’est rageusement exacerbée depuis l’officialisation, en ce glorieux vendredi 19 juin à Rabat, du projet d’implantation au Maroc de l’usine Peugeot-Citroen. Un succès retentissant de la politique de l’off-shoring instituée par le royaume mais où un autre confrère algérien, Al Khabar pour ne pas le nommer, n’a vu, du haut de la théorie fumeuse de la «complotite», qu’un coup de l’espionnage économique marocain !
Ils font vraiment pitié ces confrères, de les voir tenir le crachoir à un establishment qui a pris le fâcheux plaisir à réussir dans l’échec. Le problème est que cet establishment ne veut rien assumer, lui qui se défausse sur le Maroc pour justifier ses loupés politiques, diplomatiques, économiques et sociaux. Le royaume est devenu le miroir qui reflète la propre médiocrité de ce régime resté prisonnier de feue et toutefois indémodable logique de la guerre froide. Vous avez dit "guerre froide" ?