En l’absence, semble-t-il, d’arguments solides, la ministre déléguée chargée de l’Environnement, Hakima El Haité, a recouru à l’esquive pour éviter de répondre aux interrogations de l’opinion publique à propos de l’importation des déchets italiens.Ainsi, elle a invité les cimentiers et leurs associations professionnelles à une conférence de presse qu’elle a tenue lundi, à Rabat, en vue de s’expliquer sur l’affaire de l’importation des déchets transalpins.
Ces professionnels, venus beaucoup plus nombreux que les journalistes, ont saisi l’occasion pour louer les talents de leur ministre, lui reformuler leur soutien et l’applaudir fortement devant les professionnels des médias qui sont restés sur leur faim.Même le dossier de presse remis aux journalistes ne comportait aucun document intéressant. D'ailleurs, souligne le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui rapporte l’information dans son édition de ce mardi 12 juillet, la ministre s'est bien gardée d'évoquer le décret du gouvernement régissant l'utilisation des déchets et, encore moins, les conditions de son application.De même, elle n’a donné aucun «détail concernant la convention qu’elle avait signée avec les professionnels du ciment, se contentant d'affirmer que ladite convention était à la disposition de ceux qui désiraient la consulter».
Ainsi, la conférence de presse n’a pas été tenue dans le but d’informer et d’éclairer l’opinion publique, mais pour renvoyer la balle dans le camp d’autres parties, notamment vers le ministère des Affaires étrangères et de la coopération et les services de Douane, fait remarquer le quotidien. «Je suis ministre et je ne possède pas d’usine de ciment ou de pétrole. Je n’ai fait qu’appliquer les lois réglementant l’importation des déchets», a tenu à préciser Hakima El Haité, appelant les professionnels du ciment, présents à la conférence, à se défendre et réclamer les éclaircissements nécessaires.
D’ailleurs, la ministre n’a pas caché sa colère quant aux «accusations laissant entendre qu’elle avait reçu la coquette somme de 118 millions d’euros en vue de fermer les yeux sur l’importation de ces déchets». A ce propos, elle a déclaré avoir déposé une demande auprès du Chef de gouvernement pour obtenir l’autorisation de poursuivre ses accusateurs devant la justice.
Toutefois, force est de constater, souligne encore le quotidien, que la ministre a explicitement justifié l’importation des déchets italiens en affirmant et soulignant à plusieurs reprises, lors de sa conférence, qu’ils n’étaient pas nocifs. «Il s’agit de déchets de type RFD (Refuse-derived fuel). Les RDF importés ont été produits par l'entreprise italienne Deco S.P.A, une entreprise créée en 1989 et qui opère dans le domaine de l’environnement. Leur importation s’effectue dans le strict respect des clauses de la Convention de Bâle», a-t-elle martelé.Et de préciser que le Maroc importe 450.000 tonnes de déchets par an, avant de verser dans la surenchère. «Si les Marocains refusent l’importation des déchets, le Maroc doit renoncer à la Convention de Bâle», a en effet déclaré la ministre.