C’est une polémique dont le député du Mouvement populaire, Abdenbi Aidouni, aurait pu se passer. Elle risque en tout cas de lui créer bien des soucis, principalement avec les militants des droits de l’Homme. Lors des discussions autour du budget sectoriel de la Justice il y a quelques jours, le député a eu recours à une métaphore citée dans une chanson «chaabi» connue, assimilée à de l’incitation à la pédophilie.
Dans son édition du vendredi 19 novembre, Al Ahdath Al Maghribia rapporte que plusieurs associations et organisations militant pour les droits de l’Homme ont dénoncé les propos du parlementaire, parmi lesquelles le Collectif #stop490. Le quotidien se fie aux déclarations faites par l’une de ses membres, Karima Nader, qui a fait état d’une grande déception des cadres du collectif quant aux propos du député. Ce dernier a, pour rappel, utilisé une expression qui glorifie ceux qui ont «la chance» de se marier à une fille mineure. Il s’exprimait dans le cadre de discussions au sujet des cas exceptionnels d'autorisations de mariage de mineures.
Pour la représentante de ce collectif, ces propos, tenus devant le ministre de la Justice et au sein d’une institution comme le Parlement, ne sont pas seulement un encouragement au mariage des mineures, mais peuvent également être interprétés comme une incitation à la pédophilie. La même source ajoute que le Parlement, en sa qualité d’institution constitutionnelle, doit veiller à l’application des différents engagements pris par le royaume vis-à-vis des lois internationales, encore plus quand ces engagements sont consolidés par des lois nationales applicables à tout le monde.
La lutte contre la violence sous toutes ses formes et la discrimination envers les femmes font justement partie de ses engagements. Les propos d’Abdenbi Aidouni viennent donc les bafouer, selon Karima Nader. D’ailleurs, selon Al Ahdath al Maghribia, cette dernière a appelé l’ensemble des associations et organisations militant pour les droits de l’Homme à se lever contre de pareils propos. Elle a également appelé le député et son parti à présenter des excuses officielles.
Sur le même registre, le quotidien s’arrête également sur la position affichée par l’avocate Meriem Jamal El Idrissi dans cette affaire. Pour elle, le mariage des mineures est tout simplement un crime contre l’enfance et une violation de l’avenir des filles. Pour elle également, le fait que pareilles déclarations émanent d’un député représentant du peuple est particulièrement grave et n’est pas en ligne avec les ambitions qu’affichent les Marocains pour que leur pays reste un Etat de droit.