Plusieurs dizaines de présidents de région et de commune risquent d’être démis de leurs fonctions pour mauvaise gestion, malversations et autres fraudes et corruption dans les marchés publics. Les responsables les plus visés étant ceux qui bénéficiaient de la protection des agents d’autorité, limogés auparavant, qui fermaient les yeux sur leur mauvaise gestion par des rapports complaisants ou profitaient tout bonnement d’une partie des marchés conclus indûment.
C’est ce que rapporte le quotidien Assabah, dans son édition du vendredi 29 juin, qui précise que ces sanctions sont imminentes. Des commissions de l’inspection générale du ministère de l’Intérieur ont effectué des contrôles dans plusieurs régions et ont rédigé des rapports accablants sur la gestion de plusieurs collectivités territoriales. Il y est fait mention de multiples exactions, notamment dans l’acquisition de voitures de luxe par certains responsables de communes démunies et qui, en plus, dépensaient sans compter dans la consommation du carburant.
D’autres élus ont puisé dans le budget alloué à l’acquisition du matériel médical réservé aux hôpitaux et centres hospitaliers mais dont la qualité est très en deçà des prix déclarés, comme cela s’est produit à Al Hoceima. Les rapports évoquent, aussi, le détournement de la farine subventionnée à Chichaoua et Sidi Bennour et pointent du doigt le retard pris dans le recensement des biens immobiliers de ces collectivités qui furent cédés gracieusement à des investisseurs fantômes qui les ont revendus à coup de dizaines de millions de dirhams.
Ces commissions, qui ont travaillé sous la supervision de Zineb El Adaoui, wali, inspecteur général de l’administration territoriale, ont exécuté 206 opérations de contrôle concernant 75 provinces et gouvernorats, 30 préfectures, 12 conseils régionaux et 85 missions d’audit à l’INDH. Le journal cite le nom de Brahim Moujahid (PAM), président de la région de Beni Mellal-Khénifra que plusieurs rapports accusent de mauvaise gestion, particulièrement dans le programme de lutte contre la sècheresse à Tiznit et Chichaoua ainsi que dans la gestion des marchés publics d’El Omrane et ce, malgrè le contrôle rigoureux du wali Mohamed Derdouri. Il en est de même pour El Habib Choubani (PJD), président de la région Drâa-Tafilalelt, qui a été débouté par le ministère de l’Intérieur qui n’a pas approuvé ses comptes en raison de plusieurs dysfonctionnements.
La région de Marrakech-Safi, dirigée par Ahmed Akhchichen, dont l’invalidité de certains comptes n’a pas échappé à l’inspection générale, voire à la Cour des comptes, est dans le viseur de l’administration. D’ailleurs, le président régional de cette dernière, Mohamed Rouicheq, a révélé que la cour a examiné 1685 comptes et a infligé des sanctions dans 56 cas de violations dans le budget dans lesquels sont poursuivis en justice 133 personnes.
Il est question aussi de la révocation de plusieurs maires de grandes villes dont la gestion a été épinglée par des rapports des walis et des gouverneurs. Il s’agit notamment de l’ex-maire de Tanger, Fouad El Omari, qui a cédé tous les biens immobiliers de la ville pendant son mandat. Du coup, les comptes de la mairie ont été saisis et le déficit a atteint 500 millions de dirhams, ce qui a poussé le maire actuel, Bachir Abdellaoui (PJD), à menacer de démissionner.
A Rabat, c’est le retard pris dans la réalisation du projet «Al Anouar», dont le coût s’élève à 10 milliards de dirhams, qui menace le mandat de Mohamed Sadiki. Quant au maire de Tétouan, Mohamed Idaamar (PJD), il a écopé d’un avertissement tout comme à Al Hoceima et Nador où les juges de la cour des comptes ont constaté 70 violations de gestion commises par le président de la région, Ilyas El Omari, notamment dans la distribution des subventions aux associations.