Habib El Malki, le président de la première chambre du Parlement, multiplie les rencontres pour tenter de trouver une issue à la crise du régime de retraite des députés, actuellement en cessation de paiement. Ainsi, comme le rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 14 et 15 octobre, le président de la chambre a rencontré secrètement, une première fois, le chef du gouvernement pour lui exposer la situation et solliciter une rallonge budgétaire.
Selon le quotidien, le chef du gouvernement s’est alors engagé à étudier la situation et a demandé un délai pour en discuter avec le ministre des Finances. Les deux parties se sont réunies, également en secret, une deuxième fois, avec des propositions concrètes mises sur la table par Habib El Malki.
Entre autres solutions, le président de la chambre des représentants a proposé une hausse de la contribution de l’État au régime, actuellement de 2.900 dirhams par élu, pour la faire passer à 7.000 dirhams, quitte à ce que la participation des élus soit portée au même niveau. Là encore, étant donné la sensibilité du sujet, au demeurant au centre d’un débat public initié sur les réseaux sociaux, El Othmani ne s’est pas montré très enthousiaste concernant cette option.
Ensuite, affirme le journal, une troisième rencontre est intervenue, tout aussi secrète, mais cette fois entre le chef de l’Exécutif et les présidents des deux chambres. El Malki voulait ainsi renforcer sa position de négociation par un appui de Hakim Benchemass. Or ce dernier a fini par le décevoir, puisqu’il ne s’est pas montré, lui non plus, très chaud pour le scénario de sauvetage proposé par Habib El Malki. D'autant que le régime de retraite de la chambre des conseillers peut encore résister quelques années, au moins jusqu’à 2020.
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Notons que les députés cotisent à hauteur de 2.900 dirhams par mois pour ce régime. L’État verse pour eux une contribution supplémentaire du même montant. Dès la fin de leur mandat, les députés peuvent bénéficier d’une pension nette d’impôt de 5.000 à 8.000 dirhams selon le nombre de mandats qu’ils ont assuré.
En parallèle, rappelle le journal, les anciens ministres bénéficient, eux aussi, d’une pension variable qui peut aller jusqu’à 39.000 dirhams. Mais, il est à signaler que les ministres, contrairement aux parlementaires, ne versent aucune cotisation pendant leur mandat. Là encore, la question est tout aussi délicate et polémique que la retraite des parlementaires. Ce qui a poussé le chef du gouvernement à plancher sur un projet de réforme des textes relatifs à cette problématique.
Concrètement, le chef du gouvernement étudie déjà la possibilité, non pas de supprimer complètement cette pension, mais de la ramener à un plafond de 20.000 dirhams. Le ministre d’État chargé des droits de l'Homme, Mustapha Ramid, a quant à lui déjà exprimé le fond de sa pensée sur la question sur les réseaux sociaux.
Pour l'ancien ministre de la Justice, ce sujet aurait déjà fait l’objet de réunions au sein de la majorité durant le mandat du gouvernement Benkirane. Et Saâd-Eddine El Othmani, a-t-il affirmé, accorde aujourd’hui, lui aussi, une grande importance à cette question. Car, affirme Mustapha Ramid, «avec un régime de retraite des députés en faillite et celui des conseillers dans une situation critique, il est difficile pour le gouvernement d’assumer le poids symbolique de la retraite des ministres. Il serait donc judicieux de la supprimer».