Le torchon brûle de nouveau entre les salafistes et l’Etat. Après l’échec du dialogue entre les services de sécurité et les ténors toujours incarcérés du mouvement, la question des détenus salafistes revient, encore une fois, sur les devants de la scène. Les salafistes projettent ainsi d’organiser un sit-in, samedi prochain, devant le Parlement, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du jeudi 8 décembre.
Selon le porte-parole de la Commission conjointe de défense des détenus salafistes, cité par le journal, ce sont quelque 500 membres du mouvement qui devraient répondre présent à cette manifestation.En ce sens, un appel d’ordre a été lancé en direction des instances centrales et régionales de l’organisation salafiste qui devraient mobiliser les familles des détenus et leurs sympathisants. Selon la même source, quelques 900 détenus salafistes sont encore en prison, dont certains depuis 2002. Ils ont été condamnés dans le cadre de la loi antiterroriste.
Pendant cette manifestation, qui coïncide avec la Journée mondiale des droits de l’Homme, les salafistes comptent mettre en avant trois revendications. Tout d'abord, ils demandent l’activation de l’accord du 25 mars 2011 portant règlement définitive du dossier. En second lieu, les salafistes exigent d’être considérés comme des prisonniers politiques et de voir leurs conditions de détentions revues et améliorées en conséquence. Quant au troisième point de ce cahier revendicatif, il porte sur l’abrogation pure et simple de la loi antiterroriste, adoptée à l’unanimité par le Parlement, en 2003, sous le gouvernement Jettou, au lendemain des attentats du 16 mai 2003.
Cette novelle mobilisation en faveur des détenus salafistes intervient après les récentes déclarations de l’ancien détenu, Abdelkarim Chadli, qui a fait allusion aux prémices d’une liquidation définitive de ce dossier après révision, par les chioukhs et autres représentants du mouvement salafiste emprisonnés, de leurs idées et positions radicales.
Bien sûr, ces déclarations ont été infirmées par certains détenus salafistes, ce qui a créé une fissure au sein du mouvement. Des divergences ont également vu le jour parmi les sympathisants de ces détenus salafistes lorsque certains anciens prisonniers, comme Abou Hafs, Hassan El Hattab ou encore Mohamed Fizazi et Hassan Kettani, ont commencé, dès 2012, de vaines initiatives individuelles pour clore ce dossier.