Parallèlement à la sortie du SG de l’ONU, Ban Ki-Moon, qui a remercié le Maroc pour le «soutien important» apporté à la facilitation des pourparlers inter-libyens, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé, hier lundi, qu’un nouveau round de pourparlers entre rivaux libyens aura lieu à Alger la semaine prochaine. «Les frères en Libye reprendront les rounds du dialogue à Alger la semaine prochaine en coordination avec les Nations Unies», a-t-il claironné, sans toutefois avancer de date précise ni les noms des parties rivales libyennes censées prendre part à ces pourparlers. «Ce sont les mêmes parties qui avaient pris part au précédent round, qui seront présentes la semaine prochaine, à savoir, des chefs de partis et des activistes politiques», a-t-il lancé, sans donner plus de détails.
Or, rien n’est ressorti du «précédent round d’Alger», tenu le 10 mars, si ce n'est un formidable échec diplomatique ! Mais le ministre Lamamra ne veut rien entendre à ce fiasco, ni à celui d’ailleurs du présumé «Accord d’Alger» (25 février dernier) entre les parties maliennes, vivement décrié par la Coordination des mouvements de l’Azawad.
Une succession d’échecs dont le ministre Lamamra, hélas, ne semble tirer aucune leçon. Pas même celle que vient de lui administrer cette militante politique malienne, Fatoumata Sako, sur les tribunes du journal «L’Aube» : «De nombreux maliens sont convaincus aujourd’hui que l’Algérie n’est ni un pays ami du Mali, ni un voisin qui lui veut du bien». Dans un réquisitoire caustique contre les agissements algériens, Fatoumata Sako, chargée des Relations extérieures au PDSE (Parti démocratique social et économique), s’est élevée contre cette longue «succession de coups bas, de chantage et de fourberie» assénés par l’Algérie au Mali.
Le succès du Maroc dérange Alger
Alors, pourquoi Alger sort aujourd’hui pour annoncer un nouveau round de dialogue inter-libyen ? Remarquons au passage que la sortie du ministre Lamamra est intervenue juste après la fin des pourparlers de Skhirat, dont le succès n’est pas à démontrer. Pour preuve, les félicitations exprimées au Maroc, pas plus tard que dimanche dernier, par le SG de l’ONU, pour le «soutien important» apporté par le royaume aux pourparlers inter-libyens. Un soutien qui, comme l’avait souligné l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour la Libye, Bernardino Leon, était à la fois «logistique et politique». Est-ce donc un hasard si, à Skhirat et nulle part ailleurs, les parties rivales libyennes sont parvenues à se mettre d’accord sur la nécessité de formation d’un «gouvernement d’union nationale», d'une présidence collégiale formée de personnalités indépendantes ... entre autres acquis hautement politiques ?
Ce sont, justement, ces acquis qu’Alger veut récupérer pour une raison que tout le monde connaît : faire de l’ombre au Maroc qui est en train d’émerger en tant que grande puissance régionale.