Discrètement et sans tapage médiatique, le gouvernement a pu obtenir la paix sociale dans l’un des secteurs les plus problématiques: l’Education nationale. Un accord d’étape a été signé, mercredi, devant le chef du gouvernement entre le ministre de tutelle et les cinq syndicats les plus représentatifs. Et ce n’est qu’un début. Un début déjà riche en enseignements. Cela renseigne, en effet, sur la nouvelle démarche adoptée par le gouvernement dans les négociations dans le cadre du dialogue social, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 21 janvier.
A peine investi, le gouvernement, à travers le ministère de l’Education nationale, a entrepris de contacter les syndicats pour entamer les négociations sur toutes les problématiques et les dossiers hérités des deux derniers gouvernements. C’est une démarche inédite. D’habitude, l’Exécutif prend d’abord le temps de s’installer. Et bien après, il entame des réunions de prise de contact avec les syndicats. Dans le cas du gouvernement d’Akhannouch, on ne perd pas de temps. La preuve, en trois mois de négociations avec les cinq syndicats les plus représentatifs dans le secteur, le ministre Chakib Benmoussa a réussi à aplanir plusieurs dossiers et des plus complexes.
Comme l’a souligné le chef du gouvernement, nombre de dossiers posés sur la table des négociations pendant plusieurs années ont ainsi été réglés. Dans une deuxième étape, le chef du gouvernement invite également les autres syndicats qui le souhaitent, même les plus minoritaires, mais aussi tous les intervenants dans le secteur à se joindre aux négociations. Voilà un deuxième renseignement qu’on peut tirer de ce début des négociations du dialogue social. Le gouvernement s’affranchit des résultats des élections professionnelles et invite tout le monde au débat. Une démarche participative, en fait. Le troisième renseignement, évoqué plus haut, c’est que l’équipe Akhannouch ne veut pas perdre du temps et n’a pas peur d’aborder tous les problèmes, quelle que soit leur nature.
Cela dit, à la signature de cet accord d’étape, le chef du gouvernement a invité les centrales syndicales à une réunion à compter du mois prochain. Cette invitation au dialogue a d’ailleurs été réitérée lors de sa première sortie médiatique le même jour. Le climat de confiance installé, la signature de cet accord d’étape ouvrira ainsi les perspectives dans le cadre du dialogue social qu’entretiennent le gouvernement et les syndicats.
Plusieurs responsables syndicaux affirment aujourd’hui que le principal point de discorde entre les centrales et les deux gouvernements dirigés par le PJD était que ces derniers avaient délibérément gelé le dialogue social. Aujourd’hui, dans l’enseignement, le dialogue continue pour régler les problématiques restantes. Et ce n’est qu’un début. Un début fort prometteur d’ailleurs, et le secteur suivant sera sans doute celui de la Santé. Le chef du gouvernement promet, dans ce sens, une feuille de route pour la réforme du système de santé dans sa globalité dans les semaines à venir.
Cela dit, la rencontre de février avec les patrons des syndicats sera sans doute l’occasion d’aborder, entre autres, la question de l’institutionnalisation du dialogue social. Le gouvernement Akhannouch compte ainsi reprendre le processus là où l’a laissé le gouvernement El Fassi (2007-2011). Sur ce point, souligne l’hebdomadaire, les syndicats, du moins certaines centrales, se sont déjà prononcés. Ils veulent une loi définissant le cadre de ce dialogue. Une loi-cadre, c’est d’ailleurs, rappelle l’hebdomadaire, l’une des recommandations du Conseil économique, social et environnemental exprimée dans un rapport consacré au dialogue social.