Un accord de dernière minute. C’est ainsi que le quotidien Al Akhbar qualifie, dans son édition du lundi 15 avril, l’accord qui sera signé à quelques jours du 1er mai entre les partenaires sociaux, gouvernement, syndicats et patronat. C’est décidément un rituel au gouvernement de toujours attendre la dernière minute pour conclure un accord social, après des mois de tentions et ruptures, observe le journal.
Les rapports entre les deux partenaires, estime Al Akhbar, ont toujours été empreints de ruptures plus que de dialogue. Cela, qui plus est, souvent en l’absence du troisième partenaire social, le patronat. Ainsi, une année plutôt, le gouvernement souhaitait conclure une paix sociale avec ses deux partenaires. Des négociations ont été menées avec les centrales syndicales les plus représentatives en vue de signer un accord à la veille du 1er mai 2018. Plusieurs réunions ont été tenues avec les syndicats, mais à la fin, le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani n’a pas réussi à les convaincre.
Les syndicats ont fini par quitter la table des négociations les uns après les autres et par qualifier leurs entrevues avec le chef du gouvernement et le ministre du Travail, non pas de négociations, mais d’une «partie de folklore». Le retrait des syndicats s’est immédiatement traduit par des tensions sociales, grèves et sit-ins, et un bras de fer continu avec le gouvernement durant toute la deuxième moitié de l’année écoulée.
Le gouvernement, lui, a menacé à maintes reprises de mettre à exécution de manière unilatérale son offre que les syndicats n’ont pas acceptée, à compter de janvier dernier. L’offre, qui consiste, rappelle le journal, en une augmentation de 300 dirhams sur trois tranches au profit des fonctionnaires classés en deçà de l’échelle 10 échelon 5, ainsi qu’en une revalorisation de 100 dirhams, sur deux tranches, des allocations familiales limitées aux trois premiers enfants.
Entre-temps, mettant ses menaces de côté, le gouvernement a de nouveau invité les syndicats à la table du dialogue avec une nouvelle offre à la clé. Une offre que les centrales syndicales finiront par rejeter, estimant qu’en réalité, elle ne différait en rien de la première. Jouant sans doute sa dernière carte, l’Exécutif a mis les syndicats face à deux alternatives: ou ils acceptent l’offre telle qu’elle est ou il répartissent la cagnotte réservée au dialogue social, qui était de l’ordre de 6 millions de dirhams, sur l’ensemble des fonctionnaires. Auquel cas, il accèderait certes à la demande des centrales syndicales de généraliser l’augmentation de salaires à tous les fonctionnaires, mais celle-ci serait de seulement 100 dirhams au lieu des 300 dirhams initialement annoncés.
Bien sur, les syndicats ont rejeté l’offre claquant une fois pour toutes la porte du dialogue social. Et il aura donc fallu que le ministère de l’Intérieur reprenne le dossier pour que les centrales syndicales reviennent à nouveau à la table des négociations. Ils savaient que quand ce département prend les choses en main, il y a généralement accord. Il faut dire aussi, note le journal, que le ministère a décidé de s’y prendre autrement, optant pour des rencontres individuelles avec les syndicats.
La démarche a fini par payer, le ministre de l’Intérieur a su convaincre les centrales syndicales les plus représentatives ainsi que le patronat d’accepter la nouvelle offre du gouvernement. Cette fois, l’Exécutif propose une augmentation substantielle pour tous les fonctionnaires, sur trois tranches mais étalées sur un an et demi seulement, une augmentation des allocations familiales ainsi qu’une revalorisation de 10% du SMIG et du SMAG pour le secteur privé.