Les hôpitaux de la ville d’Al Hoceïma sont unanimes: la quasi-totalité des victimes enregistrées suite aux heurts qu’a connus la région depuis le 26 mars dernier se compte parmi les forces de l’ordre. Un constat que ne saurait démentir la réalité sur le terrain des manifestations: 320 mouvements de protestation auxquels ont pris part 68.000 personnes depuis le décès accidentel du poissonnier Mohcine Fikri, le 28 octobre 2016.
Au regard du rythme des manifestations, de la proportion des participants, et des dépassements violents de certains d’entre eux, il est en effet curieux de remarquer que la majeure partie des victimes a été enregistrée parmi les forces de maintien de l’ordre.
Il est à rappeler qu'aucun décès n’a été déploré depuis le déclenchement de ces manifestations à caractère social. Et pour cause, ces manifestations, émaillées de violents dérapages de la part de certains activistes zélés, revêtent largement un caractère pacifique et la police a fait preuve de la plus grande retenue.
Les forces de l'ordre sont intervenues dans le cadre du respect de la loi et de leur mission de protection des biens publics et privés. Elles ont accompagné le mouvement des manifestations, pour éviter toute atteinte à l’ordre public, et assurer la fluidité de la circulation.
Ce mot d’ordre a été respecté à la lettre, «malgré la tournure dangereuse qu’ont prise parfois certains mouvements de protestation, quand des activistes galvanisés ont incité à s'attaquer aux éléments de la force publique, mettant ainsi en danger la vie de ces derniers sans compter le risque qu’ils ont fait planer sur les biens appartenant à l’Etat ou à des particuliers, les forces de l'ordre ont préféré ne pas riposter aux coups qu'ils ont reçus", relève un spécialiste des mouvements sociaux, dans une déclaration à le360.
Quelques exemples de cette escalade dangereuse
Souvenez-vous: le 26 mars dernier, des élèves téléguidés s’organisent en groupes de manifestants et convergent vers le centre-ville d’Al Hoceïma, pour protester contre «l’absence de transport scolaire» dans la région, entre autres dysfonctionnements.
Ils ont choisi un dimanche pour organiser leur marche non autorisée, qui a dégénéré en actes violents contre les forces de l’ordre retranchées dans un immeuble situé dans le quartier dit Bou Salama, à cheval entre Imzouren et Béni Bouayach. Les assaillants ont assiégé et mis le feu à l’immeuble, amenant les éléments de police et des FA (Forces auxiliaires) à risquer leur vie en sautant par-dessus l’immeuble (10 mètres de hauteur!).
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Bilan: pas moins de 93 (bien quatre-vingt-treize) blessés dans les rangs des forces de l’ordre qui, face au feu, n’ont eu d’autre choix que de sauter par-dessus l’immeuble. Ce qui leur a causé des dégâts corporels énormes, particulièrement des fractures au niveau des pieds.
Mais passons, car cela présageait d’autres attaques violentes contre les forces de l’ordre. En effet, les 26 et 27 mai dernier, un groupe de personnes a pris à partie des éléments de la force publique, causant des blessures graves à pas moins de 46 fonctionnaires de la police. L’état de l'un d'entre eux a été jugé suffisamment critique pour que le policier soit évacué vers l’hôpital militaire de Rabat.
Remarquez qu’à ce stade des faits, les forces de l’ordre encaissent le gros des dégâts matériels et surtout humains. Malgré cela, les forces de l’ordre ont eu mauvaise presse et personne ou presque ne semble s’intéresser aux blessés dans leurs rangs ni saluer le sang-froid dont ils font preuve face à certains manifestants.
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Il est en effet important de souligner que les services de police se sont distingués par l’observation du degré de retenue le plus élevé dans leurs interventions, refusant ainsi de se laisser entraîner par les provocations des activistes zélés. C’est ce sang-froid qui explique le non-enregistrement de blessures dans les rangs des manifestants et des participants aux différents attroupements dans la ville d’Al Hoceïma et sa région», explique à le360 un expert en questions sécuritaires.
Et d’ajouter: «Même dans le cas d’interventions face à des actes de troubles, il n’a jamais été question de recourir à la violence. L’utilisation de la force a été proportionnelle au degré de violence utilisé par certains manifestants», relève notre interlocuteur. Une donnée vérifiable à travers les faits qui démontrent que les forces de l’ordre n’ont utilisé aucun type d’armes à feu, pas même des balles en caoutchouc! Le recours au gaz lacrymogène, moyen utilisé souvent par les forces de l’ordre à travers le monde, a été très limité. Il n’a été utilisé que dans la mesure où l’ordre et la sécurité des personnes et des biens étaient en danger.
Toujours d’après notre source, «les services de sécurité n’ont pas entrepris de mesures restrictives ou privatives de liberté à l’encontre des manifestants, ce qui explique que la dynamique contestataire a été gérée de manière sage et démocratique».
«Les arrestations ont concerné uniquement les auteurs d’actes criminels, condamnables et répressibles par la loi, notamment ceux accusés d’avoir mis le feu à un immeuble où étaient retranchées les forces de l’ordre, le 26 mars, ou ceux encore qui se sont livrés à des actes de violence lors des incidents du 26 et 27 mai», constate notre source.
«Parallèlement à cela, les services de la Sûreté nationale ont communiqué au sujet des incidents, informant régulièrement l’opinion publique sur les incidents survenus», met en exergue notre source, saluant le self-control et le sens élevé des responsabilités du corps de la Sûreté nationale.