Le roi Mohammed VI a débuté son discours en évoquant l’exemple de mobilisation populaire qu’a constitué la Marche verte. «Elle incarne une dynamique dont l’esprit se perpétue et se renouvelle», a lancé d'emblée le souverain, qui a également clôturé son allocution en rappelant la fidélité sans faille au serment d’Al Massira, qui «exige que tous les Marocains restent mobilisés et vigilants et qu’ils s’attachent à relever les défis internes et externes avec sérieux et responsabilité». Un cadrage loin d’être fortuit. Car entre les lignes se profile une véritable feuille de route pour la poursuite des efforts diplomatiques, afin d’assoir la légitimité du Royaume sur ses Provinces du Sud, tout en accentuant le développement économique de ces régions sahariennes, déjà en plein essor.
Le roi Mohammed VI a relevé que «les approches et les thèses dépassées et irréalistes (des séparatistes, Ndlr) ont été définitivement anéanties, lors de l’adoption des dernières résolutions du Conseil de sécurité» concernant le Sahara. Une allusion au soutien de la communauté internationale pour l’Initiative d’autonomie marocaine, considérée comme «l’unique option logique pour régler ce conflit». Cela se voit à travers l’approche constructive adoptée désormais par l’Union africaine, qui a clos «le chapitre des manœuvres incessantes dont elle fut victime des années durant» avant que le Royaume ne retrouve sa famille africaine. Cela se voit, aussi, à travers l’ouverture de 16 représentations diplomatiques de pays frères africains et arabes, «reconnaissant ainsi, de façon claire et nette, la Marocanité du Sahara et affirmant être pleinement confiants quant à la sécurité et à la prospérité qui règnent dans nos Provinces du Sud», a expliqué le Souverain. Le rappel statistique des 163 pays (85% des Etats membres de l’ONU), qui ne reconnaissent pas l’entité factice du Polisario, met en évidence la légitimité du Maroc sur son Sahara, tout en rendant hommage à l’effort diplomatique déployé par le Royaume.
D’ailleurs, «le Maroc restera ferme sur ses positions et ne se laissera nullement fléchir par les provocations stériles et les manœuvres désespérées des autres parties», souligne le souverain, pour faire référence aux récentes intrusions du Polisario et ses tentatives désespérées d’entraver le trafic routier au point frontalier d'El Guerguerat. «Force est de constater que le déclin consommé de leurs thèses surannées les a précipitées dans le scénario typique d’une fuite en avant», précise-t-il, pour renvoyer à l’isolement des séparatistes du Polisario et de leurs supporters. «Le Maroc, fidèle à lui-même, ne se départira pas du bon sens et de la sagesse dont il a coutume. En revanche, c’est avec la dernière vigueur et la plus grande fermeté qu’il s’opposera aux abus cherchant à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de ses Provinces du Sud», a fermement lancé le roi Mohammed VI, qui reste persuadé que les Nations Unies continueront à remplir leur devoir en veillant à préserver le cessez-le-feu dans la zone.
Plutôt que de se soucier de ce genre de gesticulations ubuesques, le souverain met l’accent sur l’essor des provinces sahariennes. Dans ce sens, un véritable élan est lancé à travers ce discours pour l’économie bleue, pour en faire un moteur du développement régional et continental. Il a d’ailleurs rappelé l’incorporation de la façade atlantique sud à la délimitation de ses espaces maritimes tout en évoquant «le dialogue engagé avec notre voisin, l’Espagne, au sujet des zones de chevauchement des eaux territoriales», dans un esprit de partenariat et d’union et «loin de toute volonté unilatérale d’imposer le fait accompli». Une manière de rappeler que le Maroc reste souverain dans son Sahara, sur terre comme sur mer, et ne se laissera point impressionner par l’ancien pouvoir colonial.
Le futur port de Dakhla, cité dans le discours royal est voulu, de son côté, comme la consécration de cette interface maritime comme «un foyer de rayonnement continental et international», à l’image de Tanger Med au nord du Royaume. «Cette zone qui abonde en ressources et en potentialités, sur terre comme en mer, servira ainsi de passerelle et de trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine», souligne le souverain qui a appelé à renforcer les investissements tant pour le dessalement de l’eau de mer, que pour l’exploitation des énergies renouvelables d’origine éolienne ou hydrolienne, sans oublier le secteur de la pêche maritime. Une feuille de route, à qui veut bien la suivre.