L'USFP est au bord de l'implosion après deux terribles secousses survenues en moins de trois jours. La dernière étant les virulents propos de Driss Lachgar lancés lundi dernier à la face de deux membres fondateurs du parti, Abdelouahed Radi et Mohamed Lakhssassi, des médiateurs venus à la rescousse du naufrage du parti de Mehdi Benbarka. Deux journaux marocains indépendants, Al Massae et Al Akhbar Alyoum consacrent ce jeudi 25 décembre leurs Unes à cette nouvelle escalade interne soulignant que l'USFP est, sauf un retournement spectaculaire de la situation, au bord de l'implosion. Pour ces deux journaux, la médiation entreprise récemment sous le nom de "l'appel en faveur de l'avenir de l'USFP" se heurte à des obstacles vers la réconciliation entre les "frères ennemis".
Sous le titre "Lachgar s'attaque à Radi et à Lakhssassi en rejetant les concessions", Al Massae nous apprend que le premier secrétaire de l'USFP a d'abord refusé de recevoir les deux médiateurs à son domicile. Il les a accueillis au siège du parti en lançant au visage de Lakhssassi: "tu condamnais à la peine capitale les étudiants dans les universités qui s’opposaient à toi". Une terrible offense envers un dinosaure de l'USFP qu'aucun sage dirigeant politique n'aurait osé prononcer, estiment les observateurs. Ces virulents propos ont été lancés en présence de Habib Malki, Badiaa Radi et Younes Moujahid, patron du SNPM. S'adressant à Abdelouahed Radi, Driss Lachgar a également reproché à ce dernier le fait d'avoir signé "L'appel en faveur de l'avenir de l'USFP". "Ta place aurait du être à mes côtés et non pas à mobiliser les militants contre moi", lui a lancé Lachgar.
Citant une source USFPiste, Al Massae estime que la médiation des deux hommes a échoué. "Lors de cette dispute, Lachgar a voulu montrer qu'il est le véritable patron de l'USFP, un parti qui dispose, selon lui, d'instruments suffisants pour régler ses problèmes internes, non à travers des appels ou des médiations", a ajouté le journal. Abondant dans le même sens, Akhbar Al Youm rapporte que Driss Lachgar a élargi la liste des indisciplinés à des députés après les sanctions contre Ahmed Réda Chami et Abdelali Doumou. Sous le titre "échec de la médiation conduite par Radi et Lakhssassi", le journal annonce en outre la démission du bureau politique de l'USFP de Abdeljalil Talimat, un homme reconnu pourtant comme "modéré".
Des pluies de sanctions sont également prévues samedi lors de la réunion de la Commission administrative contre ceux qui ont participé le week-end dernier à la rencontre de Larache. Des députés comme Hassan Tarek, Ali El Yazghi et Mohamed Hamani ainsi que l'ancien ministre de l'Emploi Jamal Aghmani figurent sur la liste soumise au conseil de discipline. A rappeler qu'en 1983, Abderrahim Bouabid, le fondateur de l'USFP avait repris cette phrase à l'encontre du groupe de Abderrahman Benameur et Ahmed Benjelloun, qui allaient constituer, plus tard le PADS (Parti d'avant-garde démocratique et socialiste), pour leur dire qu'ils peuvent quitter le navire de l'USFP s'ils le désirent. L'histoire se répète avec Lachgar mais avec le risque de dépeupler le parti.