«Notre alliance avec le PJD, au sein du gouvernement, a été pour nous une catastrophe et, actuellement, nous coordonnons avec l'Istiqlal et le RNI pour l'édification d'un pluralisme politique». C'est en ces termes que le premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar, aborde l'expérience de son parti au sein de l’actuelle majorité gouvernementale et les prémices de ses futures alliances au sortir des élections de 2021. Cela dit, en évoquant une coordination avec les deux partis, le chef de file de l’USFP se limite à évoquer la préparation des prochaines élections et l'amendement des lois électorales. Pour une véritable alliance politique entre partis, il faut attendre le résultat des élections et le programme électoral de chacun.
Cela dit, le parti coordonne déjà avec le RNI et se dit ouvert à toutes les autres sensibilités politiques, de préférence les partis de gauche. En attendant, il faut commencer par revoir le processus électoral. Dans un entretien fleuve accordé au quotidien Al Akhbar pour son édition du jeudi 16 juillet, le chef de file du parti socialiste a justement abordé les tractations qui viennent de démarrer entre les chefs des partis politiques et le ministère de l'Intérieur. A ce propos, Driss Lachgar souhaite, et c'est la position de son parti, une rupture avec les pratiques antérieures en termes de préparation et d'organisation des élections. Il propose ainsi l'amendement de toutes les lois électorales sans exception, des listes électorales, du découpage électoral, du mode et de l'opération de scrutin, de l'éligibilité, du cumul des mandats, du financement... Même la loi sur les partis doit être revue, estime Driss Lachgar, puisqu’elle comporte encore certaines contradictions, notamment pour ce qui a trait à la transhumance des élus.
Bref, entre autres propositions, le parti suggère que l'ensemble des scrutins, aux niveaux communal, régional et législatif, aient lieu le même jour, à condition que ce ne soit pas un vendredi. Parmi les autres propositions fortes du parti, le changement du mode de scrutin. L’USFP, affirme son premier secrétaire, avait milité par le passé pour l'instauration du scrutin de liste. Aujourd'hui, ce mode ayant montré ses limites, les socialistes suggèrent le retour progressif à l’uninominal. Ce qui fait d'eux une cible des critiques du PJD qui s'oppose catégoriquement à ce changement, de peur d'en faire les frais.
Le premier secrétaire de l’USFP est également revenu sur sa proposition, au début de la pandémie du coronavirus, de nommer un gouvernement d'union nationale. Ce qui, d'après lui, est une première venant d'un parti de la majorité, puisqu’une proposition pareille émane généralement de l’opposition. Mais elle n'est évidemment plus d'actualité. La question de l'amendement de la Constitution, l'article 47 en particulier, ne l'est pas non plus pour le moment. C'est une réforme lourde que la situation que traverse le pays actuellement ne permet pas, bien que la pratique, surtout pendant cette période de crise, ait révélé certaines lacunes dans l'édifice constitutionnel qu'il conviendra de combler. Mais le moment ne s'y prête pas encore.
Ce qui est sûr, c'est que ces réformes sont indispensables. Le Maroc ne pourra plus se permettre de vivre un nouveau blocage à chaque fois que le parti arrivé en tête des élections n'arrive pas à constituer sa majorité. Les institutions du pays ne doivent pas être gelées parce qu'il n'arrive pas à se trouver des alliés. Aujourd'hui, insiste Driss Lachgar, dans le cadre d’un pluralisme politique, la démocratie la plus réussie dans le monde est celle qui se construit autour d’une diversité partisane et non autour des partis de la majorité.