Le projet de loi organique relatif à la grève a été récemment adopté par la première Chambre. Bien que cette étape marque une avancée, le processus reste inachevé, d’autant que les syndicats durcissent leur position.
Comme le rapporte Al Akhbar dans son édition du jeudi 2 janvier, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a repris contact avec les centrales syndicales. Il s’est notamment réuni avec la direction de la CDT, selon des sources citées par le quotidien.
Cette rencontre, précise Al Akhbar, n’a pas débouché sur un accord. La centrale, qui avait déjà annoncé des protestations régionales, maintient son programme de mobilisation. Lors de cette réunion, le ministre a présenté aux dirigeants de la CDT la version adoptée par les députés du projet de loi organique. Néanmoins, la CDT continue de s’y opposer fermement, estimant que certaines dispositions restreignent le droit de grève.
Le ministre reste ouvert au dialogue et affirme être prêt à examiner toute proposition susceptible d’améliorer le texte soumis à la Chambre des conseillers. De son côté, la CDT considère que la version adoptée en première lecture ne diffère pas fondamentalement de celle introduite il y a huit ans au Parlement.
La centrale appelle à une harmonisation avec la Convention n° 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ainsi qu’avec les résolutions du Comité de la liberté syndicale de l’OIT. Elle revendique également l’abrogation de l’article 288 du Code pénal.
En outre, la CDT demande une redéfinition de la grève, incluant les grèves solidaires, politiques et générales, et plaide pour une réforme du cadre juridique des élections professionnelles.
À l’issue de la réunion, le syndicat a publié un communiqué réitérant ses exigences. «Le Bureau exécutif de la Confédération a réaffirmé son rejet de la formulation actuelle du projet de loi organique et sa détermination à poursuivre la lutte pour protéger le droit syndical et le droit de grève», rapporte Al Akhbar.
Le communiqué appelle également les militants à participer massivement aux manifestations prévues le 5 janvier dans les chefs-lieux régionaux. Par ailleurs, Al Akhbar précise que la CDT critique non seulement le contenu du projet, mais également la méthodologie du dialogue adoptée par le gouvernement. Elle dénonce l’absence du cycle de dialogue social de septembre 2024 et reproche à l’Exécutif de ne pas avoir respecté les engagements pris dans l’accord du 30 avril 2022. La décision de fusionner la CNOPS avec la CNSS, prise unilatéralement, est également pointée du doigt.
Pourtant, le quotidien rappelle que Younes Sekkouri avait sollicité par écrit l’ensemble des syndicats, y compris ceux non représentatifs, pour recueillir leurs propositions d’amendement avant l’adoption du texte en première lecture. Le ministre a également souligné devant le Parlement que toutes les observations formulées par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avaient été prises en compte. Ce dernier, a-t-il rappelé, intègre des représentants syndicaux dans sa composition.