Mais qui veut la peau du général-major, Mohamed Lamine Mediène ? Depuis juillet dernier, le patron du tout-puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) encaisse coup sur coup au point que son département n’est plus que l’ombre de lui-même. Dernier coup en date, il n’est pas des moindres : l’arrestation de l’un des proches de Mediène, en l’occurrence le général-major «Hassan», de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi.
L’arrestation de ce haut galonné du DRS, surnommé «Monsieur terrorisme», remonte précisément à ce mystérieux 27 août dernier quand un escadron d’élite algérien fait une descente éclaire à son domicile à Chevalley, à Alger, et l’arrête pour le confiner discrètement dans la prison de Blida, localité située près d’Alger.
De quoi le «crime» de ce général-major est-il le nom ? A-t-il comploté contre la sécurité de l’Etat de son pays ? Est-il justiciable pour trahison à la nation algérienne ?
Rien de tout cela en vérité, même si des bruits de couloir médiatiques, vraisemblablement télé-dirigés à partir d’El Mouradia, siège de la présidence algérienne, tentent vainement d’accréditer des accusations de «constitution de bande armée», «fausses déclarations concernant le stock d’armes en sa possession», «détention et rétention d’armes de guerre», «rétention d’informations et mensonge, à la suite d’interrogatoires de trois terroristes capturés à Tiguentourine» (NDLR : site gazier situé à In Amenas, au sud de l’Algérie, théâtre en 2013 d’une sanglante prise d’otages menée par le terroriste Mokhtar Belmokhtar).
D’accord, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’opération menée sous la baguette du général-major «Hassan », a été un retentissant échec, sachant bien qu’elle a provoqué la mort de la plupart des otages étrangers opérant sur le site gazier d’In Amenas, dont 10 Japonais et plusieurs Britanniques, mais ce ratage peut-il expliquer à lui seul cette arrestation, survenue qui plus est deux ans après ?
Notons à toutes fins utiles que cette arrestation s’inscrit dans un processus d’affaiblissement systématique du DRS entrepris avec acharnement par le clan Bouteflika depuis juillet dernier. Plusieurs services clés de ce département sont en effet tombés comme les feuilles mortes d’automne, soulevant ainsi un «festival» d’interrogations sur le pourquoi de cette opération.
En un an et demi, le DRS a vu tomber l’un après l’autre nombre de services clés qui faisaient de lui le détenteur réel des ficelles du pouvoir en Algérie, tant et si bien que même les chefs d'Etat algériens étaient choisis par ses soins. La dissolution du Groupe d’intervention spéciale (GIS), équivalent du redoutable GIGR marocain (Groupe d’intervention de la gendarmerie royale), se veut ici une preuve éclatante. Le délestage du DRS d’un autre service en charge de la sécurité présidentielle, passé sous le contrôle de l’état-major du général Gaïd Salah, homme-lige du président Bouteflika, illustre également ce processus d’effeuillage du DRS.
Le général «Hassan» serait, en effet, «victime» des effets collatéraux de cette guerre de tranchées entre le clan présidentiel et le patron du DRS, Mohamed Lamine Mediène.
Reste maintenant à savoir pourquoi cette guerre aujourd’hui.
Comme chacun sait, le président Abdelaziz Bouteflika est depuis 2013 atteint d’un fâcheux AVC qui lui a fait perdre toute capacité de mobilité et d’élocution. La dernière image du président diffusée il y a deux jours par la télévision nationale algérienne, aux côtés du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, en dit long sur la détérioration de l’état de santé du locataire du palais El Mouradia.
Face à cette situation, surgit la question de la succession. Il va de soi que le DRS avait la main haute sur cette question, lui qui faisait et défaisait les présidents sans rencontrer la moindre velléité de résistance.
Or voilà, cela risque de n’être plus le cas. Du moins le clan Bouteflika en aurait-il décidé ainsi. Ce clan, dirigé par le frère du président, Saïd Bouteflika, sait pertinemment que sa survie dépend de la mise à mort du DRS, aujourd'hui plus que jamais affaibli. Et comme la fin justifie les moyens, le clan Bouteflika n’en rate pas une pour pousser le numéro un du renseignement algérien à la porte. La parenthèse Mohamed Lamine Mediène est (presque) close. A moins d’un coup …