La direction du Parlement et les bureaux des deux Chambres, constitués de tous les groupes parlementaires, refusent l’audit de leurs comptes et le contrôle des procédures de passation des marchés publics. Cette institution n’autorise pas l’inspection du ministère de l’Economie et des finances, ni la Cour des comptes, à procéder à la vérification des opérations d’achat et de vente de biens effectuées durant les cinq années de la législature.
Certains dirigeants de partis, qui ont requis l’anonymat, affirment que le Parlement commet une grave erreur en interdisant à toute institution constitutionnelle de contrôler ses comptes. Les mêmes sources citent notamment les dépenses afférentes à l’achat de mobilier de bureau, au réaménagement des salles de groupes parlementaires, à l’équipement des salles de commissions en caméras et en grands écrans et à la location d’un immeuble. Les dépenses de fonctionnement comportent, en outre, l’achat de cadeaux, le paiement des frais de traiteurs et le versement des indemnités de transport et d’hébergement des parlementaires. Les dirigeants des partis affirment qu’ils ignorent comment les directions des deux Chambres gèrent le budget annuel, qui avoisine un milliard de dirhams. Cette opacité est justifiée, selon les mêmes sources, par une prétendue protection de l'indépendance de cette institution constitutionnelle de tout contrôle financier.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 12 mars, que seules les commissions internes créées par les directions des deux Chambres sont censées effectuer des contrôles. Mais, précisent les mêmes sources, ces commissions sont pour la plupart composées de parlementaires qui bénéficient d’une multitude d’indemnités et autres privilèges. Les dirigeants des partis donnent l’exemple de la Chambre des conseillers, qui loue depuis plus de 15 ans un immeuble qui lui coûte 1.560.000 dirhams par an. Pis encore, cette Chambre a dépensé près de 3 millions de dirhams pour rééquiper les bureaux des fonctionnaires dans cet immeuble qu’elle devrait acheter au lieu de le louer au prix fort.
Le conseiller de la CDT, Abdelhak Hissan, a accusé des responsables de la Chambre des conseillers de gonfler des factures relatives au budget réservé aux groupes parlementaires. Il a révélé qu’on lui avait demandé de débourser 900 dirhams pour un seul repas à chaque participant d'un séminaire organisé par son syndicat. Le conseiller a alors contacté le traiteur qui lui a confié n'avoir facturé que 336 dirhams pour deux repas. Il s’est avéré, ajoute le syndicaliste, que certains avaient multiplié le prix de ces journées d’étude par 300%. Il affirme ne pas savoir qui a signé les bons de paiement, qui a empoché le reliquat, ni encore combien de fois de pareilles malversations se sont produites.
Toujours selon les mêmes sources, la commission 13 de la deuxième Chambre a enregistré plusieurs anomalies dans le choix des fournisseurs. Une société a accaparé les marchés de la Chambre des conseillers avec les seuls bons de commande. Une autre a monopolisé le marché de la traduction et une troisième celui de la fourniture du matériel électronique.