Selon des sources avisées, les négociations entamées par Saâd-Eddine El Othmani pour dessiner les contours de son gouvernement bis se font dans le contexte des contraintes qu’il doit affronter lors des deux dernières années de sa mandature. Le chef du gouvernement est en effet acculé à réaliser un consensus gouvernemental national qui réponde à des agendas politiques exceptionnels. La sphère politique est, en effet, marquée par une demande pressante pour la révision de la Constitution et la préparation des prochaines élections législatives. Pour ce faire, El Othmani cherche à intégrer tous les partis, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, pour constituer un front gouvernemental élargi dans le Parlement. Au delà de la participation au prochain gouvernement, ce front doit se préparer à un exercice législatif laborieux qui pourrait aller jusqu’à la révision de certains articles de la Constitution. La pratique a démontré que certaines dispositions constitutionnelles laissaient la porte ouverte au blocage politique dans les périodes les plus sensibles politiquement. Les directions des partis qui ont été contactées par El Othmani, concernant le remaniement du gouvernement, estiment que l’accent doit être mis sur les jeunes compétences, hors toute représentativité politique.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 5 septembre, que le chef du gouvernement cherche à mettre à exécution l’appel royal en matière de renouvellement des élites dans les postes de responsabilité. En parallèle, El Othmani veut baliser le terrain pour la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles relatives aux lois et aux institutions en suspens, telles celles relatives à la langue amazighe, au conseil national des langues et de la culture marocaine, ainsi qu’au droit de grève. Les priorités du prochain «Gouvernement des compétences» seront orientées vers le volet législatif, notamment dans la gestion de la loi de Finances. Le gouvernement El Othmani bis devra prendre des mesures pour atténuer la tension sociale et répondre aux attentes des Marocains en matière de lutte contre la corruption et contre tout ce qui a trait à la rente politique. Le Secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a envoyé des messages de mise en garde sur les difficultés de la mission du gouvernement en cette deuxième partie de mandature. Le patron du PI a notamment révélé que l’adhésion des jeunes à la politique avait chuté à un niveau jamais égalé, puisque le taux des adhérents actifs ne dépasse pas 1%. Lors de son intervention devant les acteurs de l’université d’été à Harhoura, Baraka a demandé à activer la mise en œuvre de la Stratégie nationale intégrée de la jeunesse. Une stratégie, précise-t-il, qui doit affronter la catégorie des «Spectateurs» qui ne se considèrent pas concernés par ce qui se passe autour d’eux.