El Othmani: une année dans la tourmente

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani.

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. En une année aux commandes, le chef du gouvernement a dû faire face à de multiples défis. "Al Ahdath Al Maghribia" dresse un portait d’El Othmani et revient sur les principales étapes de cette année tourmentée.

Le 30/03/2018 à 21h48

Jamais un chef de l’Exécutif, excepté peut-être Abbas El Fassi, n’a été autant attaqué par les médias. Pourtant, Saâd-Eddine El Othmani, qui vient de boucler sa première année aux commandes, s’est toujours montré stoïque. Il a été appelé au pouvoir en pleine crise d’Al Hoceima, a dû affronter le séisme politique qui a touché quatre membres de son équipe, faire face aux multiples écueils posés sur son chemin par son prédécesseur et ses partisans et gérer les aléas de sa majorité, pour finir avec l’éclatement d’un nouveau mouvement social à Jerada.

De surcroît, difficile de succéder à l’animal politique qu’est Abdelilah Benkirane, l’ancien titulaire du poste. Pourtant, El Othmani a décidé de relever le défi et affiche une détermination sans faille pour mener à bien son mandat et son programme. Que le chef du gouvernement reste en place après une année aussi tourmentée et donne, en sus, rendez-vous aux électeurs en 2021 est en soi un exploit, affirme le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, dans un portrait d’El Othmani publié dans son édition du week-end des 31 mars et 1er avril. Pour le quotidien, El Othmani a expliqué dès sa nomination qu’il ne reproduirait pas le «modèle Benkirane», ni dans sa gestion des affaires publiques, ni dans ses rapports avec ses alliés. 

Six étapes cruciales ont ainsi jalonné cette première année, écrit Al Ahdath Al Maghribia. A peine nommé, il a reçu en plein visage les retombées des événements sociaux d’Al Hoceima. En plus de devoir gérer cette crise reçue en héritage, il a dû également faire face, dès sa première comparution devant le Parlement, aux critiques des députés de l’opposition et de son propre camp.

Il a ensuite dû faire face au séisme politique du 24 octobre, avec le limogeage des membres de son équipe et de dizaines de hauts responsables. Il a également affronté ce qui s’apparente à une guerre psychologique quand on parlait d’un gouvernement sur le départ et qu’après la dissolution du Parlement, on parlait d'élections anticipées. Avec la sortie de certains partis de la coalition gouvernementale, le chef du gouvernement a ensuite mené une difficile recomposition de sa majorité. Mais lors du premier conseil de gouvernement après la crise, il a tout simplement incité les membres de son équipe, à laquelle il manquait désormais quatre membres, à tirer la leçon de ce qui s’était passé.

A peine son gouvernement à nouveau au complet, El Othmani est de nouveau mis en difficulté. Cette fois, c’est son prédécesseur qui s’attaque de manière frontale à deux de ses alliés, le patron du RNI et celui de l’USFP. Des propos qui ont bien failli faire éclater la majorité. El Othmani accuse le coup et finit par faire signer aux membres de sa coalition la charte de la majorité, avec, entre autres clauses, un engagement pris par chacun des membres, y compris par le PJD, de ne pas s’attaquer aux autres. 

Entre-temps, le chef du gouvernement s’était engagé sur un autre front: en finir définitivement avec un PJD à deux têtes, l’une qui dirige le gouvernement et l’autre qui gère le parti. El Othmani a finalement été élu à la tête du parti. Il a beau assurer aux députés de sa formation et aux bases que son équipe qu’il va poursuivre le chantier des réformes, rien n’y fait. Le PJD est, depuis, divisé en deux clans, les partisans de Benkirane et les alliés d’El Othmani et des autres ministres.

Les défis se suivent. Cette fois, c’est Jerada qui réclame sa part du développement économique et social. En chef du gouvernement désormais aguerri, El Othmani a tenté de désamorcer la crise de manière collective. Il s’est rendu lui-même dans la région à la tête d’une délégation ministérielle, tout comme d’autres membres de son équipe. Le dialogue a été engagé avec la population et une série de mesures a été prise.

Sur un autre registre, et pour ne rien arranger, c’est la cour de justice de l’Union européenne qui vient de mettre à rude épreuve la diplomatie et le gouvernement marocains. Les effets de son arrêt relatif à l’accord de pêche ont toutefois été rapidement neutralisés, et les deux parties, le Maroc et l’Union européenne, s’apprêtent à reprendre les négociations le 16 avril.

Par Amyne Asmlal
Le 30/03/2018 à 21h48