Il y a de l'électricité dans l'air ! Non, ce n'est pas d'une nouvelle sortie virulente de Hamid Chabat, d'un énième discours tonitruant de Abdelilah Benkirane ou d'une déclaration choc de Salaheddine Mezouar qu'il s'agit. Cette fois-ci, c'est sur les bancs de l'école que ça se joue. Sur Akhbar Al Yaoum de ce mercredi 9 octobre, "El Ouafa se révolte contre le colloque de Ayouch et déclare : Il est difficile de m'exclure". Pour rappel, la veille, le quotidien revenait en détail sur le colloque organisé le week-end à Casablanca par Nourredine Ayouch et auquel ont assisté "tout" le gotha de l'enseignement au Maroc et des conseillers du roi dont Omar Azziman, récemment nommé à la tête du Conseil supérieur de l'éducation. Mais manquait à l'appel Mohamed El Ouafa.
L'absence du ministre de l'Education nationale à cette rencontre s'est fait cruellement sentir, d'autant plus qu'il... n'avait pas été convié à l'événement ! La réaction de Mohamed El Ouafa ne s'est pas fait attendre. Surtout que le quotidien laisse entendre qu'il risquait d'être évincé par le Cabinet royal ! Hors de lui, le ministre lance sur les colonnes du journal : "On pourra m'exclure physiquement, mais on ne m'empêchera jamais de parler". Mohamed El Ouafa déclare sur les colonnes de Akhbar Al Yaoum, que "des responsables au sein de son département ont été contactés afin de participer à la conférence de Ayouch et qu'il leur en a donné l'autorisation". Selon le ministre, "un des responsables est même intervenu lors de cette rencontre". Par contre, ajoute-t-il, "personne n'a pris contact avec moi". El Ouafa conclura sa déclaration au quotidien en ces termes assez ironiques qui en disent pourtant bien long : "je ne suis qu'un pauvre ministre".
El Ouafa révise ses notes !
Un "pauvre ministre" que Libération prend en sympathie en affirmant que, "après avoir remué ciel et terre lors de la précédente rentrée, El Ouafa n'aura finalement réussi qu'à secouer le cocotier, de manière plutôt timide". Le journal fait ici référence au débat " qui refait surface" concernant ces enseignants qui pratiquent dans le privé et le public "en même temps". "Rentrée oblige", souligne le journal; "on en parle du côté du ministère de l'Education nationale" : "El Ouafa recourt aux nouvelles technologies pour réconcilier le public et le privé", annonce encore Libération. Mais tout le monde n'est pas aussi optimiste. A lire la Une de Al Massae, c'est loin d'être gagné. Et pour cause. "Les écoles privées accusent l'Etat de voler ses enseignants au lieu de former des diplômés chômeurs et de fusionner les deux secteurs (privé et public)", lit-on sur les colonnes du quotidien arabophone. Le département d'El Ouafa s'était engagé à organiser des concours d'accès aux centres de formations aux métiers de l'enseignement à la fin de l'année scolaire afin que les établissements privés puissent prendre les mesures nécessaires. Seulement voilà, le concours n'a eu lieu qu'à la rentrée. Bien trop tard pour organiser quoi que ce soit, regrettent les représentants du secteur.
Le moins que l'on puisse dire est que El Ouafa est sur la sellette. Le ministre de l'Education nationale a promis beaucoup de choses, s'attirant les foudres de certains et suscitant l'admiration des autres, mais on dirait bien que ses efforts ne portent pas encore leurs fruits. Or, il y a urgence ! L'enseignement va mal et, chaque année, ce sont des milliers d'élèves marocains qui rempilent pour un système éducatif loin d'être adapté à la réalité tant professionnelle que sociale. Aujourd'hui, les mesures d'El Ouafa ne parviennent plus à convaincre : personne ne croit plus dans ses promesses. Et il faut bien reconnaître que ses sorties publiques n'arrangent pas les choses. Lorsqu'il n'est pas virulent dans ces propos, le ministre donne l'image d'un trublion qui aime à rire de choses sérieuses. Et ces éclats de rire sont devenus pour le moins légendaires.Aujourd'hui, plus que jamais, El Ouafa a tout intérêt à prouver que sa décision de rester au gouvernement Benkirane est une option qui, par-delà ses intérêts personnels, peut non seulement bénéficier à l'Exécutif mais, surtout, aux milliers d'élèves et étudiants marocains. El Ouafa passera-t-il le test du gouvernement Benkirane II ?