L’image du chef des islamistes du Parti de la justice et du développement, Saâd-Eddine El Othmani, également chef du gouvernement sortant, se faisant huer dans le quartier r’bati de l’Océan, où il était candidat, a particulièrement retenu l’attention du journaliste du magazine hebdomadaire français, Valeurs actuelles. Elle lui a servi d’échantillon pour expliquer, en grandeur nature, la cuisante défaite électorale des islamistes marocains, le 8 septembre courant.
Car, ajoute-t-il, dans toutes les grandes villes marocaines, les 15 jours de campagne électorale ont clairement donné les signes précurseurs du rejet massif, confirmé à travers les urnes, de la gouvernance menée par les islamistes durant deux mandats successifs à la tête du gouvernement et des plus grandes mairies du pays.
Valeurs actuelles rappelle le contexte dans lequel les islamistes marocains ont brusquement accédé au pouvoir. Celui du printemps arabe, où l’internationale des Frères musulmans a rapidement noyauté certaines révoltes populaires en Tunisie, Egypte, Libye… C’est durant cette période incertaine et porteuse de dangers que le roi Mohammed VI a ouvert le chantier de l’adoption d’une nouvelle constitution, à la confection de laquelle tous les acteurs politiques et socio-économiques du pays ont été conviés pour apporter, chacun, sa pierre de l’édifice.
Durant deux mandats successifs, le PJD, qui se réclame de la «probité islamique», va verser dans des scandales de corruption, précise Valeurs actuelles, avant que la crise consécutive à la pandémie du Covid-19 ne vienne mettre à nu l’amateurisme politique des islamistes et leur grand déficit en matière de gestion de la chose publique. Si ce n’était la veille permanente des institutions pérennes du royaume, la gestion du PJD aurait causé une catastrophe au pays.
D’ailleurs, l’hebdomadaire français a donné la parole à un grand connaisseur du Maroc, Charles Saint Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques,. Selon ce dernier, le rejet massif du PJD «montre la force des institutions marocaines. Il est maintenant prouvé qu’il est plus facile de clamer dans l’opposition et plus difficile de gouverner éfficacement. La défaite du PJD ne tient qu’à lui, à son incapacité à répondre aux attentes du peuple marocain». Et d’expliquer que c’est la centralité de l’institution monarchique au Maroc qui «protège l’identité marocaine et la pérennité de la nation».
A titre d’exemple, Valeurs actuelles met en exergue le déphasage entre l'Etat et les islamistes marocains, dont le discours anti-israélien continue à titiller l’antisémitisme, alors que le récent rétablissement des relations maroco-israéliennes a été un coup de maître de la diplomatie marocaine qui a réussi à arracher la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l’administration américaine. C’est d’ailleurs à se demander si le PJD, en jouant la carte anti-israélienne, n’a pas amplifié sa débâcle électorale en passant de 125 sièges de députés à 13 seulement, et en poussant les électeurs à aller plus ou moins massivement aux urnes pour le sanctionner.
Aziz AKhannouch, nommé par le roi pour former le prochain gouvernement, suscite donc tous les espoirs. «Le capitaine d’industrie est attendu par les Marocains pour relancer l’économie et surtout pour pouvoir bénéficier concrètement d’une telle relance», ajoute le magazine français. Ce dernier n’a surtout pas manqué de mettre en valeur l’important taux de participation, avec une moyenne de 60%, enregistré dans les circonscriptions électorales du Sahara marocain. Une particiaption record dans le pays, «battant en brèche la rhétorique du Front Polisario proalgérien, qui affirme que les populations des provinces du sud ne sont pas intégrées dans la communauté nationale», conclut Valeurs actuelles.