Les chiffres ne trompent jamais. Résultats des élections des chambres professionnelles et des représentants travailleurs, nombre d’inscrits sur les listes électorales, nombre de candidatures aux communales, tout indique que le PJD a perdu la bataille de la deuxième chambre sans même l’avoir livrée. Les chances du parti islamiste de siéger à la Chambre des conseillers, dont les élections auront lieu le mois prochain, sont, en effet, quasi nulles, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 3 septembre.
Nous avons pu suivre comment, en juin, le bras syndical du parti islamiste avait essuyé une défaite cuisante aux élections des représentants des travailleurs. C’est une véritable débâcle. Avec seulement 5,6% des délégués des travailleurs dans les secteurs public et privé, le pendant syndical du PJD perd à la fois sa qualité de syndicat représentatif et ses chances de se faire élire à la deuxième chambre pour le compte des délégués des salariés et fonctionnaires. Ces derniers constituent, en effet, l’un des collèges électoraux de la Chambre des conseillers, et élisent, à ce titre, 20 sièges de cette institution.
Aux élections des chambres professionnelles du 6 août dernier, le parti islamiste n’a remporté que 50 sièges (2,24%), soit 146 sièges de moins qu’en 2015. Un autre revers électoral. En conséquence, parmi les deux collèges électoraux, en plus de la CGEM, qui élisent un total de 48 sièges de la Chambre des conseillers, le parti n’a, pour ainsi dire, presque pas de chance de faire élire un de ses candidats. Rappelons qu’il y a quelques années, le PJD voulait même se doter de sa propre organisation patronale dans l’espoir de concurrencer la CGEM pour les huit sièges réservés aux représentants des employeurs.
Cela étant, après avoir ainsi perdu trois collèges électoraux, il lui reste les 78 sièges élus par le collège électoral constitué des collectivités territoriales et pour lesquels il peut concourir avec les autres formations politiques. Là encore, il est mal parti pour percer aux élections du 8 septembre et ses chances sont très minimes.
Et ce pour la simple raison que faute de candidats, il ne peut prétendre à remporter des sièges. Au moment où les autres partis ont augmenté le nombre de leurs candidats, il a peiné, lui, à en trouver. En effet, explique l’hebdomadaire, il n’a présenté que 8.681 candidatures (5,51%), soit moins de la moitié par rapport à 2015. A de rares exceptions près, le parti ne s’est pas présenté dans le monde rural, ni dans les villes de moins de 50.000 habitants. En 2015, rappelle La Vie éco, le PJD avait présenté 16.392 candidatures. En conséquence, selon certains spécialistes de la géographie électorale, cités par l’hebdomadaire, avec le nombre des candidatures qu’il a déposées, le PJD perd automatiquement près de 3.500 sièges. Soit plus de 68% des sièges qu’il a remportés en 2015 et qui étaient au nombre de 5.021.
De même, dans la mesure où les conseils communaux forment un collège électoral pour les conseils préfectoraux et provinciaux, il va sans dire que la représentation du PJD dans ces derniers sera également très réduite. Or, à l’issue des élections de 2015, le parti islamiste avait remporté 2.019 sièges dans ces conseils. On peut d’ores et déjà affirmer que, tenant compte du nombre de candidatures présentées par les autres formations et le taux de couverture des circonscriptions pour les élections locales, remporter l’un des 78 sièges réservés aux collèges des collectivités territoriales devient un rêve presque inaccessible pour les islamistes. Or, avec l’UNTM, rappelle La Vie éco, le parti islamiste disposait à la deuxième Chambre d’un groupe parlementaire de 16 membres, dont 4 syndicalistes.
Et si l’on ajoutait à tout cela les résultats de sa gestion catastrophique des affaires locales, surtout dans les grandes villes, il s’expose fortement à un vote sanction là où il présente aujourd’hui le plus de candidats. Cela d’autant qu’avec une hausse remarquable du nombre des inscrits sur les listes électorales, il faut s'attendre à un fort taux de participation. Ce qui n’arrange pas, là encore, les affaires du PJD. Lui qui, comme tout le monde le sait, compte sur un réservoir électoral discipliné qui lui est acquis et qui vote pour lui indépendamment des résultats de sa gestion des affaires publiques.