Une guerre préélectorale qui ne dit pas son nom, du moins pas clairement, semble avoir éclaté entre les deux principaux alliés de la majorité gouvernementale, à savoir le parti de la justice et du développement (PJD) et le Rassemblement national des indépendants (RNI). En effet, chaque parti serait à l’affût, répliquant aux propos de l'autre, critiquant son approche et semant des doutes sur sa sincérité et sa crédibilité.
Ces passes d’armes préélectorales pourraient paraître somme toute normales dans une démocratie représentative. Bien plus, on pourrait y voir un signe de bonne santé. Seulement, dans ce cas de figure, les déclarations du secrétaire général du parti de la Justice et du développement et chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, ont débordé de cet axe électoral pour impliquer un autre département. Celui de l’Intérieur.
Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui se penche sur ce sujet dans son édition de ce jeudi 14 mars, la sortie de Saâd-Eddine El Othmani manquait d’élégance politique. Intervenant devant les militants de son parti dans le cadre d’une session de dialogue interne dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, le secrétaire général du PJD a poussé le bouchon trop loin, allant jusqu’à accuser le ministère de l’Intérieur de soutenir certaines formations politiques, sans les citer nommément. Mais, selon les sources du quotidien, le secrétaire général du PJD faisait allusion au Rassemblement national des indépendants qui venait d’organiser une manifestation partisane dans la capitale espagnole, affichant un air d’optimisme quant à sa capacité électorale et sa mobilisation pour remporter les prochaines échéances électorales. Et, pour limiter l'impact de cette accusation, émanant de surcroît du chef du gouvernement, qui préside par la force de la loi la commission électorale, des sources du PJD ont donné une autre interprétation, faisant croire que c’est cette autre partie, sans la nommer également, qui compte sur le soutien du ministère de l’Intérieur. Un vain espoir, renchérissent les mêmes sources du PJD, d'amortir le choc de la déclaration du chef du gouvernement. L’un déclenche le feu, d’autres jouent les sapeurs-pompiers.Quoi qu'il en soit, le ministère de l’Intérieur est mis sur la sellette. Cet état de fait, précisent les sources du quotidien, a suscité la colère du ministère de l’Intérieur qui a défendu sa neutralité dans ce processus, tout en affirmant que «les déclarations d’El Othmani restent incompréhensibles et inadmissibles». D'autant que le processus électoral est supervisé par une commission indépendante, présidée par le chef du gouvernement et composée, notamment, du ministre de la Justice. D’ailleurs, rappelle le quotidien, les élections précédentes étaient supervisées par une commission présidée par l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, et composée de l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, et de l’ancien ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid.