L’enseignement au Maroc est un système à multiples vitesses. C’est le résultat de la privatisation du secteur qui a polarisé, à son tour, la société. Ainsi, la catégorie sociale défavorisée inscrit ses enfants à l’école publique, alors que les autres catégories, l’élite, la classe moyenne supérieure et la classe moyenne inférieure, recourent au secteur privé. Ce secteur offre ainsi trois modèles d’enseignement qui répondent à chaque catégorie sociale ciblée, selon les résultats d’une étude, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end des 1er et 2 février.
Ce système d’enseignement privé se décline en trois modèles. Il s’agit d’un enseignement de la mission qui dispense un programme étranger, français et anglais, destiné à l’élite ; des établissements privés avec des programmes d’une certaine qualité, renforcés par les langues étrangères ciblant la classe moyenne supérieure et d’un enseignement de qualité inférieure destiné aux enfants de la classe moyenne inférieure et ouvrière.
Cette étude, réalisée par la chercheuse marocaine Khadija Abdouss, installée aux USA, a souligné l’inquiétude soulevée au sujet de l’enseignement qui marche à deux vitesses au Maroc où l’enseignement privé, qui représente 20% des élèves, est encouragé par l’Etat, alors que ce secteur ne représente, en 2016, au niveau du primaire, que 6% en Tunisie et 2% en Algérie.
Cette politique d’encouragement du secteur privé au détriment du public creuse davantage l’écart entre les deux secteurs, met en garde l’étude. C’est cette politique qui a permis le développement de 5826 établissements scolaires privés, dont 3306 concernent le primaire. 71% de ces établissements sont concentrés à Casablanca-Anfa, 61% à Ain Sebaâ et 53% à Hay Hassani.
De même, l’étude a précisé qu’au moment où le nombre des établissements de l’enseignement privé ne cesse d’augmenter, la qualité de l’enseignement dans le public se dégrade. Ce constat, fait remarquer l’étude, s’est accentué depuis l’année 2000 avec la mise en place de la charte nationale de l’éducation, le départ volontaire et les réformes défaillantes opérées. Ce qui a conduit au surpeuplement des salles dans le public et la dégradation de la qualité de l’enseignement. Cet état de fait a poussé les familles à investir dans l’éducation de leur progéniture, surtout au niveau du primaire.