La diplomatie marocaine vient de passer une fin de semaine très chaude. Le ministère des Affaires étrangères a émis deux communiqués dans lesquels il recadre les relations du Royaume avec deux pays d’Europe, l’Espagne et l’Allemagne. Tout de suite après, le Parlement a abrité une réunion des partis politiques qui y sont représentés et qui, dans un communiqué conjoint, exigent plus de clarté de la part de l’Espagne dans ses relations avec le Maroc. Les observateurs sont unanimes: le Maroc, après avoir bien étudié la situation, passe à la vitesse supérieure et exige de ses alliés plus de clarté dans leur positions, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 10 mai.
Cette offensive de la diplomatie marocaine, poursuit le quotidien, a été lancée jeudi. Le Royaume commence par rappeler son ambassadrice à Berlin pour consultations. Et pour cause. L’Allemagne, souligne le quotidien en citant le communiqué du ministère des Affaires étrangères, s’est démarquée par «une attitude négative» sur la question du Sahara marocain. En plus de sa position sur la question de son intégrité territoriale, le Royaume reproche deux autres faits à ce pays. Les autorités allemandes agissent, en effet, avec complicité à l’égard d’un ex-condamné pour terrorisme, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles. A cela s’ajoute un acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen.
Le Maroc avait cessé, auparavant, tout contact officiel avec les services de l’ambassade d’Allemagne à Rabat, rappelle le quotidien. Bref, après cette mise en garde contre ce pays, le Maroc s’adresse, cette fois, à son voisin du Nord dans des termes tout aussi fermes. Après avoir longtemps attendu une justification logique de l’admission, sous une fausse identité, du chef du Polisario dans un hôpital espagnol, le Maroc décide de réagir. Dans son communiqué diffusé dans la nuit du vendredi au samedi, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que la décision des autorités espagnoles de ne pas aviser leurs homologues marocains de la venue du chef des milices du Polisario, n’est pas une simple omission. Il s’agit d’un acte prémédité, d’un choix volontaire et d’une décision souveraine de l’Espagne, dont le Maroc prend pleinement acte. Et il en tirera toutes les conséquences.
Le ministère souligne que les considérations humanitaires, invoquées par la diplomatie espagnole, ne justifient pas les manœuvres ourdies derrière le dos d’un partenaire et d’un voisin. Pour l’heure, visiblement embarrassée par la tournure qu'ont prise les événements, la diplomatie espagnole se limite à répéter qu’elle n’a rien à ajouter à ce qu’elle a déjà déclaré à ce sujet. En parallèle, au Maroc, les partis politiques représentés au Parlement ont souligné que l’accueil par l'Espagne du chef des séparatistes était un acte «inacceptable» et «condamnable» s’inscrivant en flagrante contradiction avec la qualité des relations entre le Maroc et l’Espagne.
Chez les voisins du Nord cette fois, c’est le Parti populaire (PP, opposition) qui monte au créneau. Il a sévèrement critiqué le gouvernement pour sa gestion des relations entre l’Espagne et le Maroc, le mettant en garde contre les retombées négatives de la décision de Madrid d’accueillir le chef du Polisario. Le PP a ainsi sommé le gouvernement d'œuvrer sans plus tarder à rectifier le cours des relations entre les deux voisins et partenaires, de manière à ce que la haute commission mixte puisse se réunir dans les plus brefs délais.