Ceux qui ont suivi de près le procès des impliqués dans les événements d’Al Hoceima savent qu’il n’y jamais eu de cas de torture. Les différents rapports des médecins légistes le confirment d’ailleurs.
Sauf que, HRW (Human Rights Watch) ne semble pas de cet avis. L’ONG basée à New York affirme en effet le contraire dans son dernier rapport, commenté par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du week-end des 1er et 2 décembre. Un rapport qui tombe, relève le journal, alors que ce procès vient de franchir le stade de l’appel. Le procès en appel ayant en fait été ouvert le 14 novembre dernier.
Ce sont bien 40 expertises légales et autant de rapports qui ont été réalisés par différents médecins spécialistes sur ordre du tribunal tout au long du procès en première instance, rappelle le journal. Et aucun de ces rapports n’a fait état, à aucun moment, d’un quelconque cas de torture par la police aussi bien lors des arrestations, pendant les interrogatoires ou encore durant les gardes à vue. Ce qui a poussé le tribunal à considérer ces accusations comme «infondées et ne reposant sur aucun fait matériel».
Cependant, HRW ne l’entend pas de cette oreille. L’ONG persiste et signe: «Les aveux sur la base desquels les mis en cause ont été condamnés leur ont été arrachés sous la torture», est-il relevé dans son rapport. Et de reconnaître un peu plus loin que les accusés ont bien «avoué avoir commis des actes de violence à l’égard de policiers, mis le feu à des véhicules de police et à une résidence de policiers à Imzouren, une bourgade près d’Al Hoceima, et organisé des manifestations non autorisées. Mais tous se sont rétractés, que ce soit devant le juge d’instruction ou plus tard pendant le procés».
Ce qu’il faut surtout noter dans ce rapport, rédigé par ailleurs par Ahmed Reda Benchemsi, qui réside actuellement à Washington, et Abdelaziz Nouidi, poursuit le quotidien, c’est qu’il insiste sur l’existence de cas de torture malgré les conclusions pourtant pertinentes des rapports de l’expertise médicale et malgré celles du rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).
Ce qui fait dire au journal que ce rapport du HRW présente certainement un arrière-fond politique, qui a fait que ses rédacteurs se sont écartés des principes qui président à l’élaboration de tels document. Lesquels principes sont notamment la neutralité, l’objectivité, le détachement et l’obligation de recueillir et y reproduire toutes les versions des faits.
La preuve, explique le quotidien, c’est que le tribunal ne s’est pas basé, pour condamner les inculpés, sur leurs aveux, mais surtout sur des faits relevés sur le terrain et des preuves matérielles irréfutables dont, notamment, des enregistrements vidéos effectués par les mis en cause eux-mêmes, ainsi que des enregistrements de conversations téléphoniques les confondant.
HRW va plus loin en présentant une lecture biaisée du rapport du CNDH, se basant sur une autre lecture de ce rapport, non moins approximative, qui circulait en juin 2017 et qui laisserait entendre l’existence de quelques cas de torture. Le CNDH a lui-même rejeté en leur temps et en bloc ces allégations, condamnant des conclusions hâtives construites sur la base de quelques lignes d’un document interne.
De toutes les manières, souligne Al Ahdath Al Maghribia, les deux experts qui ont rédigé le rapport final du conseil sont arrivés à la conclusion selon laquelle ces allégations étaient infondées. Mais HRW n’y a fait aucunement référence. Ce qui est sûr, conclut le journal, c’est que l’organisation mondiale a bien voulu prouver la réalité de ces supposés cas de torture, mais in fine, c’est à la réalité qu’elle a fini par tordre le cou.