Décidément, Nasser Zefzafi, l'un des principaux accusés dans le procès ouvert suite aux événements d’Al Hoceima, semble aujourd'hui plus instable que jamais. Pour justifier ses accusations quant aux prétendues «mauvaises conditions» de détention, il est allé jusqu’à évoquer une pollution des eaux de la prison d’Oukacha, présentant pour preuve une bouteille d’eau qu’il a prétendu avoir récupérée dans le centre pénitentiaire.
Dans son édition du mercredi 11 avril, Al Ahdath Al Maghribia rapporte que le représentant du ministère public a annoncé, durant la séance de lundi dernier au tribunal, que la Brigade nationale de la police judiciaire avait ouvert une enquête sur les allégations de Nasser Zefzafi à ce sujet. Le quotidien rappelle que, lorsque Zefzafi a présenté sa bouteille d’eau au tribunal, il a prétendu qu’il s’agissait là d'une preuve concernant un complot visant à empoisonner les détenus des événements d’Al Hoceima à l’intérieur de leur cellule. Cette annonce a été faite en réponse à une question de la défense qui a interpellé la Cour pour avoir des éclaircissements sur l’enquête que le Parquet avait promis d’ouvrir à ce sujet. Le représentant du Parquet a profité de l’occasion pour rappeler, précise le quotidien, que le tribunal avait refusé la requête faite par la défense, mais que le Parquet avait pris lui-même l’initiative de l'ouverture de cette enquête.
En attendant les résultats des investigations, Al Ahdath Al Maghribia souligne que la Délégation générale de l’administration pénitentiaire a déjà démenti les allégations de pollution des eaux de la prison, tout en précisant que, lorsque le détenu avait quitté sa cellule pour se rendre au tribunal, il n’avait aucune bouteille sur lui.
Pour sa part, Al Massae, dans son édition du même jour, s’intéresse aux déclarations de l’accusé qui semble axer sa défense sur le démenti des présumées intentions séparatistes dont d’aucuns l'accusent. Selon la publication, Nasser Zefzafi s’est servi des discours royaux et du limogeage de quatre ministres, en octobre dernier, pour tenter de prouver la légitimité de ce qui s’est passé à Al Hoceima et des actes qui lui sont reprochés.
Zefzafi aurait même déclaré que son affaire était une sorte de mise en accusation de la Constitution marocaine. Evoquant ceux qui lui ont collé l’étiquette de séparatiste, l’accusé a souligné que «le patriotisme ne se jugeait ni aux paroles ni au port du drapeau dans la rue, mais par des actes». Reste à savoir si cette ligne de défense convaincra la justice de la légitimité de certains actes graves dans lesquels Zefzafi a été impliqué et dont certains ont même été diffusés à travers des vidéos mises en ligne.