Dimanche dans l’après-midi. Le détachement de l’escadron Spark des Forces royales air (FRA) stationné dans une base aérienne en Arabie Saoudite, reçoit l’ordre d’effectuer une mission de reconnaissance sur la frontière entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. Après les préparatifs d’usage, deux Falcon F16 marocains décollent pour remplir cette mission qui s’avère des plus périlleuses.
Aux alentours de 18h, les deux appareils marocains survolent à basse altitude (mission de reconnaissance oblige), le tracé frontalier de la zone séparant la ville saoudienne de Nejrane et la ville yéménite de Saada. Ils ne voient pas la menace arriver, mais au sol, sur la zone montagneuse de Oued Nchour, les forces houthies rebelles mettent en branle leurs batteries anti-aériennes sur ces hauteurs culminant à 1800m d'altitude. Les avions de chasse marocains manoeuvrent, prennent de l’altitude, tentent d’esquiver le danger… Mais trop tard: un des appareils est touché et part en vrille.
Selon le communiqué du service de presse de l'Inspection Générale des FAR, «le pilote du 2ème avion qui évoluait en formation n'a pas pu constater si le pilote de l'avion touché avait pu s’éjecter». Ce communiqué, diffusé via la MAP, vers le coup de 00h30 dans la nuit du dimanche à lundi est intervenu après que certaines agences de presse arabes commençaient à faire état de l’attaque subie par les chasseurs marocains. Et avec cette confirmation, ce sont toutes les agences de presse du monde qui reprennent l’info.
Les Houthis vont apporter, de leur côté, une confirmation. Le site Yemenakhbar rapporte que l’agence de presse turque, Anatol, a joint au téléphone un des leaders Houthis. Daif Chami, membre du bureau politique de «Ansar Allah» (nom de l’organisation politique des Houthis) a assuré que leurs combattants ont pu abattre un avion de chasse marocain "qui effectuait une attaque sur leur position". Le responsable Houthi affirme même que les débris de l’appareil sont sous leur contrôle. Et ce, au moment où sur Twitter, certains rebelles Houthis publient des photos de ces débris comme un trophée de guerre.
Concernant le pilote marocain, aucune information n'a filtré jusque-là. Même le responsable Houthi a assuré qu’il n’avait aucun élément à fournir sur son sort. Le360 a joint au téléphone l’Etat Major des Forces Armées Royales, ainsi que l’Administration de la défense nationale sans obtenir la moindre réponse au sujet de cette opération. Même silence radio du côté du ministère de la Communication et le département de l’Intérieur. Néanmoins, des sources ont confié à Le360 que le pilote marocain porté disparu est le lieutenant B. Avant de rejoindre le détachement de l’escadron Spark des Forces royales air (FRA), mis à disposition par le Maroc pour la coalition au Yémen, le jeune pilote casablancais appartenait au 6ème Bataillon aérien des Forces armées (BAFA) basé à Benguérir.
C'est la première fois que le royaume perd un avion au combat depuis que cet escadron s’est envolé pour la région du Golfe pour participer aux opérations anti-Daech sous commandement des Emirats Arabes Unis, mais aussi la coallition pour le Yémen sous commandement saoudien. En revanche, ce n’est pas la première fois que les Houthis réussissent à abattre des avions de chasse de la coalition. L’Arabie saoudite a en effet perdu trois appareils dont le dernier a été abattu jeudi dernier. La guerre cause forcément des pertes...