Le Parlement continue de renvoyer aux calendes grecques le projet de création d’une chaîne parlementaire à cause, dit-on, de difficultés législatives. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 16 novembre, que la chaîne parlementaire ne verra pas le jour au cours de l’année 2022. En effet, ajoutent des sources parlementaires, le budget voté par cette institution législative ne comporte aucun article faisant référence à la création de cette chaîne.
De toute manière, ajoutent les mêmes sources, même si un accord est trouvé dans les deux Chambres, la chaîne parlementaire ne sera pas opérationnelle avant 2025, sachant qu’elle nécessite des moyens logistiques et un budget exceptionnel. Il faut rappeler que ce projet traîne depuis 2005, année où le gouvernement Jettou avait élaboré un projet sur ce sujet et l’avait présenté aux deux Chambres avec un budget prévisionnel de 15 millions de dirhams. Un budget qui semble modique pour la création d’une chaîne, d’autant qu’on parlait, à l’époque, du lancement de deux chaînes pour les deux Chambres du Parlement.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que l’important, dans l’initiative du gouvernement Jettou, réside dans le feu vert politique accordé à la création d’une chaîne parlementaire indépendante. Mais les présidents des deux Chambres, ainsi que les gouvernements successifs, n’ont pas réussi à concrétiser ce projet. En fait, c'est le cadre juridique spécifique au Parlement qui pose problème dans un paysage audiovisuel verrouillé par la SNRT. Or, les propositions des parlementaires convergent vers une ligne éditoriale qui sera de l’unique ressort des deux Chambres du parlement. Autant dire que cette chaîne sera un contrepoids aux autres chaînes gérées par les pouvoirs publics, si vraiment les parlementaires accordent leurs violons quant à la liberté de ton que certains prônent.
Il faut rappeler que la Cour des comptes a abondé dans le même sens en indiquant, dans un rapport sur le paysage audiovisuel, que «le cadre juridique de la chaîne devra être respectueux de l’autonomie du Parlement et de la spécificité de chacune des deux Chambres, en vertu des séparations des pouvoirs et de l’autonomie administrative et financière du Parlement». Le projet du statut juridique souligne que seul le Parlement devra assurer le contrôle, la programmation et la gestion de la production de la chaîne.
Une programmation, indiquent les élus, qui ne doit pas être axée sur le seul Parlement mais qui doit s’ouvrir à toutes les potentialités et les sensibilités de la société marocaine. Il ne faut pas être devin pour comprendre que le refus du ministère de l’Économie et des Finances d’allouer un budget à cette chaîne n'est pas d'ordre budgétaire mais tout simplement d’ordre politique.