Voilà une information qui est passée inaperçue et que Libération, dans son édition du jeudi 12 mars, a révélé. Le député européen, Brice Hortefeux, aurait ainsi rendu visite la semaine dernière, non seulement à Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, mais également au Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, «en tête-à-tête». A quel sujet ? L'obligation d'agrément des imams officiant en France par le royaume. Le journal francophone soulève la question de l’embargo dont a fait l’objet cette information, insistant sur le fait que «ni communiqué de presse ni dépêche d’agence n’ont été publiés». Pour obtenir quelques indiscrétions, le quotidien a contacté Moha Ouamane, secrétaire général du ministère qui a confirmé la visite de Brice Hortefeux, sans pour autant en préciser les motivations ou l’ordre du jour. «Nous discutons souvent, dans ce genre de visites, de l’expérience marocaine dans la lutte contre le terrorisme et la formation des imams», a t-il fini par lâcher, avant d’ajouter : «Notre pays est devenu un modèle dans ce domaine. Aujourd’hui, plusieurs imams de diverses nationalités (Mali, Côte d’Ivoire, Tunisie, Sénégal…) sont en formation au Maroc et d’autres sont sur la liste d’attente. Dernièrement, nous avons reçu près de trente imams en provenance de France».
Une information qui tord le cou aux déclarations du Premier ministre français, Manuel Valls, lors de sa visite à la grande mosquée de Strasbourg, le mardi 3 mars. L’ancien ministre de l’Intérieur avait plaidé pour une formation des imams à l’intérieur du territoire français. Libération a également interrogé Ouamane au sujet de l'obligation d'agrément des imams par le royaume. La source affirme «qu’on ne peut pas permettre à n’importe qui d’aller faire imam en France. Il faut les trier sur le volet et, en tant que ministère des Affaires islamiques, nous exigeons plusieurs critères chez les imams que nous envoyons à l’Hexagone. Nous cherchons d’abord des personnes connues pour leur patriotisme et leur fidélité aux constantes de la Nation. Il faut également qu’ils parlent français et respectent la Constitution et les lois françaises».
La crise au Moyen Orient et le nombre de ressortissants européens partis faire le Jihad en Syrie et en Irak, a ouvert les yeux des politiques sur la nécessité de former des imams sur les bases du respect du pays dans lequel ils officient car jusqu’à présent, ceux-ci ont majoritairement suivi leur formation à l’étranger. Le quotidien francophone finit cet article sur des chiffres livrés par le site Rue89 qui avance qu’en France, 150 imams turcs, 120 algériens et 30 marocains exercent dans les mosquées françaises.