Au moment où le blocage des négociations de formation du gouvernement s’éternise, Mohamed Yatime vient alimenter la polémique. Cette fois, c’est à l’USFP que s’en prend celui qui est désormais connu comme le «porte-flingue» de Abdelilah Benkirane, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end des 28 et 29 janvier.
C’est le dernier passage du chef de file de l’USFP, Driss Lachgar, dans un débat télévisé sur la chaîne Al Oula que le membre du secrétariat général du PJD n’arrive pas à digérer. «Driss Lachgar ne doit pas se faire d’illusion sur une chimérique entrée au forceps de l’USFP au gouvernement», a-t-il affirmé en substance.
Le veto qu’oppose le chef de gouvernement désigné et; derrière lui; le PJD, à l’entrée de l’USFP au gouvernement n’a aucun rapport avec la défense de la dignité ou l’ego de Benkirane, affirme-t-il. «Il y va de la crédibilité de l’action politique en général. Il est question de ne pas tuer dans l’œuf cet espoir né en 2011 d’une pratique démocratique idéale au Maroc», affirme le dirigeant islamiste.
Pour plus de précisions, Yatime affirme que le rejet de l’USFP découle de la logique démocratique selon laquelle les partis sont classés en fonction de leur score électoral. En d’autres termes, les formations qui n’ont pas remporté assez de sièges pour figurer en tête de liste n’ont que faire au gouvernement. Ils n’ont qu’à s’en aller réorganiser leurs rangs et procéder à une autocritique dans l’espoir de convaincre, à l’avenir, les électeurs de voter en masse pour eux.
Il est vrai que le PJD n’a pas apprécié les déclarations de Driss Lachgar selon lesquelles si le PJD a pu recueillir les votes de près de 1,6 million d’électeurs, ce qui lui a permis de prendre la première place, il ne faut pas oublier que plus de cinq millions d’électeurs ne lui ont pas accordé leur suffrage et ont donc voté contre lui.
Enfin, en suivant la logique des islamistes, il est légitime de se demander pourquoi le PJD tient fermement au PPS pour constituer sa majorité alors que ce dernier, lui, n’a remporté que douze sièges.
Quant au parti de la Rose, il estime qu’il agit en conformité avec ses convictions et ne prétend qu’à ce que lui accorde la Constitution. De ce fait, on ne pas l’écarter en prônant un discours sélectif et d’exclusion. En ce sens, les propos de Mohamed Yatime ne font qu’attiser la polémique et, par ses posts sur les réseaux sociaux, envenimer les relations entre l’USFP et le chef de gouvernement désigné, affirme le journal.
De plus, et selon le politologue Mohamed El Ghali, cité par Al Ahdath Al Maghribia, l’attitude de Mohamed Yatime, réputé très proche de Benkirane, jette un gros flou sur les négociations en cours sur la formation du gouvernement. En effet, il devient de plus en plus difficile de distinguer clairement où s’arrête l’opinion personnelle et où commence la position partisane dans ses propos. Aussi, estime cet analyste, l’opinion publique et les observateurs n’arrivent-ils plus à faire la part des choses entre l’opinion personnelle de Yatime de la position de son parti dans ses déclarations. A moins, estime-t-il, que les sorties médiatiques de Yatime ne soient orchestrées par son parti pour servir de ballons d’essai.