Frontière est du Maroc: pourquoi la presse algérienne dénonce aujourd'hui le «mur de la honte»

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De plus en plus de voix s’élèvent dans les médias algériens pour dénoncer la construction du "mur de la honte", de part et d’autre de la frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie. Eclairage.

Le 19/08/2016 à 12h56

La presse algérienne découvre aujourd’hui que la fermeture de la frontière terrestre n’est pas une «bonne idée». Tenez : «Algérie-Maroc: la frontière de la honte» !, titre le site d’information en continu «Tout sur l’Algérie» (TSA), dans son édition de ce vendredi 19 août.

«Ces murs traduisent l’incapacité des deux pays à dialoguer et à rétablir leurs relations politiques. La lutte contre le terrorisme, la contrebande et le trafic de drogue ne peut se faire qu’avec le dialogue et la coopération. En mettant de côté les postures politiques et les agissements contre-productifs ou nuisibles, l’Algérie et le Maroc gagneraient à développer une coopération bénéfique pour les deux parties», exhorte le site algérien.

Et ce n’est pas tout ! Le plus «marocophobe» des médias algériens, «EnnaharTV», s’est «repentie» et se fait maintenant le porte-voix du «mécontentement» des habitants de la région ouest, frontalière du Maroc, notamment Tlemcen, Maghnia et Oran, qui vivaient des revenus des échanges avec leurs frères marocains et qui, à défaut d’alternative à ce verrouillage systématique de la frontière, en sont réduits aujourd’hui à «broyer du noir» !

Nous sommes loin du discours puéril qui voulait que la fermeture de la frontière terrestre bénéficie plutôt à l’Algérie ! Loin aussi des procès d’intention dressés à hue et à dia à l’encontre du Maroc, accusé de vouloir «noyer l’Algérie sous des tonnes de cannabis» !

Fait curieux, nos confrères jettent la pierre aussi aux autorités algériennes et battent en brèche les «arguments» avancés par elles pour justifier la poursuite de la fermeture depuis 1994 de la frontière terrestre avec le Maroc. «En effet, les moyens dont disposent les narcotrafiquants sont conséquents. Il restera la voie maritime, voire aérienne, pour livrer des quantités importantes de drogues. Les trafiquants peuvent ainsi passer par l’extrême sud», fait constater «Tout sur l’Algérie».

«La construction de milliers de kilomètres de murs est irréaliste. Elle reflète surtout une forme de surenchère de part et d’autre de la frontière. D’autant que pour l’Algérie, le problème de la contrebande de produits subventionnés se pose au niveau de toutes ses frontières terrestres». Et pas seulement au niveau de la frontière terrestre avec le Maroc!

Face à ce revirement retentissant, surgit la question: "Mais qu’est-ce qui a changé chez nos confrères pour se faire aujourd’hui le parangon de la réouverture de cette frontière ?".

Crise à la frontière algéro-tunisienne

Ce plaidoyer soudain pour la réouverture de la frontière algéro-marocaine intervient alors qu’une crise sans précédent éclate entre Alger et Tunis. La tension est à son comble sur certains points de passage frontaliers entre les deux pays du fait de l’application par les autorités tunisiennes d’une taxe d’entrée de 30 dinars tunisiens pour les ressortissants algériens voulant se rendre en Tunisie.

Depuis le début du mois d’août, les ressortissants algériens multiplient les sit-in de protestation contre cette taxe, s’appliquant aussi aux "patients" qui, faute d’infrastructures médicales convenables en Algérie, se rendent en Tunisie pour se faire soigner.

Les exportateurs algériens de «patates» s’associent à cet élan de protestation et des menaces de représailles ont même été proférées de couper l’approvisionnement du «pays du jasmin» en gaz et en pétrole !

A la crise algéro-tunisienne, viennent s'ajouter les menaces de Daech à la frontière de l'Algérie avec la Libye ou encore avec le Niger -pour ne pas parler de celles que fait planer Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)- à la frontière avec le Mali. Il apparaît à l'évidence que l'Algérie est au bord de l'asphyxie.

La seule bouffée d'oxygène reste la frontière ouest de l'Algérie avec le Maroc. D'où cet appel d'air pour sa réouverture.

Par Ziad Alami
Le 19/08/2016 à 12h56