«Il n’y a plus rien à dire: Benkirane ferme la porte des négociations à la face d’Akhannouch», titre Al Massae qui voit dans la réaction du chef du gouvernement désigné un retour à la case départ. Le journal fait le récit d’un week-end vertigineux où le PJD et le quatuor RNI-UC-MP-USFP ont maintenu un échange de communiqués sans précédent.
Dans son éditorial, Al Massae rappelle le discours dakarois de Mohammed VI dans lequel le souverain avait appelé à prendre en compte les intérêts supérieurs de la nation. Pour l’éditorialiste d’Al Massae, les partis ont fait tout le contraire, inconsciemment ou non, en agissant selon une «logique des butins», autrement dit qui tend à imposer ses choix et accaparer les postes ministériels les plus stratégiques et électoralement les plus rentables.
Al Akhbar de Rachid Niny ouvre avec ce titre sur un fond noir: «Benkirane annonce une demi-démission» et donne la parole à Mohand Laenser, SG du Mouvement populaire. «Benkirane doit assumer ses responsabilités en mettant un terme aux négociations et il y aura des développements dans les deux jours à venir», déclare le chef de file des harakis.
Assabah, proche des milieux libéraux, ouvre sa Une avec la photo de Benkirane et Akhannouch au Mausolée de Mohammed V, dimanche dernier et avec un titre en darija «Allah irebbeh!» (Bien te fasse!). Dans un article sur la même Une, le journal parle de l’isolement de Benkirane. «Le tahakkoum du PJD et les calculs de Benabdallah ont fait capoter la mission du chef du gouvernement désigné», titre le quotidien.
Assabah réserve d’ailleurs son éditorial à la phrase que tout le monde a retenu du communiqué de Benkirane: «Intaha elkalam» (Il n’y a plus rien à dire). L’éditorialiste s’étonne du ton du communiqué du chef du gouvernement désigné qui, en restant hermétique à toutes les initiatives, est le vrai protagoniste d’un blocage qui n’a que trop duré. L’éditorialiste revient aussi sur cette manie du SG du PJD de douter de tout, faisant fi des intérêts supérieurs du pays et de la Nation.
Al Ahdath abonde dans le même sens. «Les raisons du piège» titre l’éditorial signé Ahmed Charai qui explique comment Benkirane et ses frères jouent avec le feu en tenant à tout prix à impliquer l’institution monarchique. «Le PJD veut imposer un modèle de société», renchérit l’éditorialiste qui rappelle que les islamistes ont certainement remporté 1.2 suffrages, mais cela ne lui octroie pas de majorité absolue. La solution? Composer avec les autres acteurs politiques qui ont aussi le droit d’avoir des visions différentes.
Un autre éditorial d’Al Ahdath préfère parler d’une crise de partis que d’une crise gouvernementale et rappelle les pratiques des uns et des autres ces dernières années et qui n’honorent en rien ni la politique, ni les formations politiques, le PJD en premier lieu.
«Benkirane renverse la table à la face de ses ennemis» est le titre principal d’Akhbar Al Yaoum, journal pro-PJD. La publication de Toufik Bouachrine parle de l’éventualité d’une initiative royale pour débloquer la situation et affirme que Benkirane a refusé, lundi, de rencontrer, à leur demande, les chefs du RNI, de l’UC, du MP et de l’USFP qui désiraient lui exposer leur vision plus en détails.
«Intaha elkalam» est également le titre qu’a choisi Toufik Bouahcrine pour son éditorial. Il affirme que Benkirane était le seul chef de parti à s’être tranquillement endormi dimanche dernier après son communiqué, laissant les autres méditer pendant de longues heures la teneur de son message! Après avoir exposé quelques pistes pour débloquer la situation, l’éditorialiste en arrive à ce qu’il voulait réellement dire: le plan A a échoué avec Ilyas El Omari et Aziz Akhannouch ne doit pas faire du RNI un PAM-bis en réunissant les voix de l’USFP, du MP et de l’UC.
Pour Toufik Bouachrine, il s’agit de montrer que Benkirane est un chef de gouvernement faible à qui on peut tout faire gober alors qu’il a supporté assez d’humiliations…«Quelle légitimité aurait-il pour faire face à l’intérieur et à l’étranger?», s’interroge l’éditorialiste appelant les détracteurs de Benkirane à choisir un autre «clown parmi les clowns de notre paysage politique»…