Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement désigné, se réfugie dans un mutisme total depuis qu'il a déclaré, il y a dix jours, que son sort dépend désormais "du retour de Akhannouch et de l'arbitrage du roi".
Ce mardi 28 février, des sources dans son entourage ont déclaré à Le360 que Benkirane reste "optimiste", balayant ainsi les accusations selon lesquelles il est "le seul responsable du blocage".
Lors de la dernière réunion du secrétariat général tenue en fin de semaine dernière, Abdelilah Benkirane a réaffirmé l'absence d'une réelle avancée dans la formation du prochain gouvernement. Il a été répété lors de cette réunion que "les vrais responsables du blocage sont ceux qui veulent s'imposer alors que leur parti n'a remporté que vingt sièges", allusion faite à l'USFP.
Le PJD, tout en affichant un certain optimiste, estime que la situation ne pourra "se débloquer que lors des prochaines consultations avec Aziz Akhannouch et ce, sur la base d'un dialogue fructueux et sérieux".
"Le blocage persiste", a déclaré à le360 Driss Lachgar, premier secrétaire de l'USFP, ce 28 février.
Les socialistes qualifient la reprise des consultations de "décisive", après le retour de Aziz Akhannouch d'Afrique où il accompagne le souverain.
"Je n'ai reçu jusqu'à présent aucune offre ni de Akhannouch ni de Benkirane. Ce dernier est responsable de la formation du futur gouvernement. C'est à lui d'aller à la recherche de ses alliés", a-t-il ajouté.
Du côté du RNI, l'entourage de Akhannouch reste lui aussi optimiste mais pas pressé du tout. "Le gouvernement prochain ne sera prêt que lors de la première semaine d'avril", a affirmé un membre du Bureau politique RNIste, sous le couvert de l'anonymat.
Il faut "dans les prochains jours, des tractations plus soutenues et volontaristes", indique cette source qui se dit convaincue du fait que Benkirane dispose de "tous les moyens pour pouvoir former son gouvernement à condition qu'il fasse preuve de sagesse".
"Il faut qu'il compose encore", ajoute ce membre influent du RNI.
Mohand Laenser, dirigeant du Mouvement populaire, vient de communiquer à son Bureau politique que "rien n’a changé, le blocage persiste ". C’est ce qu’il confirme à Le360, déclarant "il n'y a pas de nouveau. Il faut rester optimiste".
Dans les milieux politiques, on évoque trois scénarios possibles pour débloquer la situation.
Le premier offre à Benkirane la possibilité de former son gouvernement sans l'USFP, celui-ci avec ses vingt sièges est monté au Perchoir en tant que président de la Chambre des représentants.
Ce cas de figure convient à Benkirane qui veut que l'USFP reste en position d'allié critique au gouvernement, mais sans portefeuille.
La seconde option invite Benkirane à former sa majorité en intégrant un ou deux cadres sympathisants socialistes, sans siéger sous l'étiquette de l'USFP.
Quant à la dernière position, elle invite Driss Lachgar et l'USFP à rester en dehors du gouvernement avec la promesse qu'un prochain remaniement ministériel permette de les intégrer au sein d’une coalition.
Ce sont les trois dures équations que Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch sont appelés à résoudre dans les tout prochains jours.
Aucun des dirigeants politiques interrogés n'a placé en tête de ces équations le sujet de la démission du chef de gouvernement désigné.